Logements neufs : bientôt de nouvelles normes environnementales… et une flambée des prix ?
INNOVATION – Alors que la réglementation énergétique doit être mise en œuvre le 1er juillet 2021, les professionnels craignent que ces initiatives entravent la construction de logements neufs et font grimper leurs prix.
– A.P
Son nom est synonyme d'angoisse pour les constructeurs: la RE 2020. De quoi parle-t-on? Nouvelle réglementation pour les bâtiments neufs qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet. Derrière cette initiative, le gouvernement souhaite encourager les économies d'énergie, réduire l'impact carbone des futures constructions et donc lutter contre les crépines thermiques. Ou évitez les habitations très énergivores.
Pour rappel, les bâtiments représentent près de 30% de nos émissions de CO2. Mais huit ans après la réglementation thermique en 2012, la RE 2020 est mal comprise par les industriels qui se disent inquiets, à plus d'un titre. Ils demandent plus de temps pour pouvoir s'adapter à ces nouvelles contraintes qu'ils jugent trop ambitieuses.
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En gros, qu'est-ce que RE 2020 va changer pour les professionnels du bâtiment? Premièrement, ces nouvelles normes prévoient la fin du chauffage au gaz dans les maisons neuves. Au lieu de cela, une pompe à chaleur, une climatisation réversible et une isolation renforcée devront être installés. Une mesure affolante pour les professionnels. "Si les industriels n'ont pas le temps de trouver des solutions, on va se retrouver avec une doublure beaucoup plus épaisse. Conséquence: on perdra par mètre carré de surface habitable", déplore Céline Guitard, gérante du groupe Immo Selection et présidente du pôle logement de la Fédération française du bâtiment de l'Hérault.
Vers une augmentation du prix de l'immobilier
Si les professionnels demandent plus de temps, c'est aussi pour éviter d'avoir à payer des coûts trop élevés. "La seule solution est de nous offrir une bonne année en plus. Les industriels doivent travailler sur des solutions écologiques et économiques et nous parvenons à réduire la facture pour nos clients", poursuit Céline Guitard.
En effet, avec ces nouvelles injonctions environnementales, le prix de l'immobilier est susceptible de s'envoler: une hausse de 6 à 13% est attendue. Dans la plupart des grandes villes, moins une maison consomme, plus elle se vend, selon un étudier publié le 30 septembre par le site d'annonces SeLoger.
Avec ces prix, Céline Guitard a peur d'effrayer les acheteurs potentiels. Une peur confirmée par le discours de Pascale, propriétaire il y a un an: "En termes de matériaux, nous aurions eu des performances inférieures, ou moins de mètres carrés. Avec un coût plus élevé, nous n'aurions pas acheté la maison."
Les enveloppes doivent être mises en place
Si le prix de ces maisons menace d'augmenter, c'est aussi à cause d'une nouvelle norme: d'ici 2030, les maisons et les bâtiments devront être principalement en bois. Une mesure jugée inaccessible selon certains professionnels. «Nous avons déjà une grande pratique du bois depuis 30 ans, mais on estime que nous ne pourrons atteindre que 30 à 40% des constructions bois en 2030», dit Alban Boyé, le directeur général du groupe breton Trecobat, quatrième constructeur français, dans le quotidien régional Le télégramme.
Et ces nouveaux bâtiments en bois nécessitent une main-d'œuvre qualifiée. Sur un site visité par les équipes de TF1, aucun des maçons ne savait comment procéder: "Vous ne savez pas comment construire des maisons en bois, c'est un autre métier. Il faut apprendre", explique l'un d'eux. Au Conseil Chauffage, des centaines de milliers de professionnels devront être formés à la construction en bois. "Il faudra que les entreprises soient soutenues financièrement, tant au niveau de leur investissement mais aussi au niveau de la formation. Ainsi, des enveloppes supplémentaires doivent être mises en place", Souligné Thierry Ducros, président de la fédération française du bâtiment de l'Hérault et président national du syndicat des métiers du bois.
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Ces nouvelles mesures s'ajoutent à un contexte déjà difficile pour le secteur. Les projets de logements neufs ont reculé de 6,9% en un an. «On parle de moins de 125 000 logements produits cette année à un moment où l'offre foncière est tendue et à un moment où l'artificialisation du foncier est arrêtée. Nous venons d'ajouter une nouvelle couche de contraintes à la production»., déplore Laurent Villaret, président de la Fédération des promoteurs immobiliers. Les professionnels attendent les derniers arbitrages gouvernementaux et espèrent plus de retards et d'étapes dans la mise en œuvre de ces nouvelles réglementations.
La question demeure alors: le gouvernement va-t-il céder à ces demandes d'allégement? Pour l'instant, de nouvelles propositions gouvernementales devraient être faites dans les mois à venir. Un report au 1er janvier 2022 est très attendu par le secteur de la construction. Le gouvernement avait assuré que la mise en œuvre de cette nouvelle réglementation environnementale pour les bâtiments neufs se poursuivra en concertation avec les acteurs du bâtiment et les secteurs industriels. À suivre.
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