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L’énergie nucléaire est une « chance historique »

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L’énergie nucléaire est une « chance historique »


TRIBUNE – «Nous devons rendre notre électricité aussi sobre en carbone que possible. Nous avons une chance historique, l'énergie nucléaire est la production non intermittente la plus sobre en carbone au monde. Et notre défi est de réduire le nucléaire pour augmenter la part des énergies renouvelables ", a déclaré Emmanuel Macron dans une interview au Dauphiné Libéré mardi 11 février. En résumé, le nucléaire est formidable mais il faut réduire la part du nucléaire! Il dit une vérité mais il est obligé, en même temps, de jeter un os aux électeurs environnementaux à la veille des prochaines élections municipales. Il a annoncé en 2017 la réduction de la part de la production d'électricité nucléaire à 50% (elle est désormais de 75%) et la centrale de Fessenheim sera fermé cette année mais le gouvernement a annoncé en octobre dernier l'éventuelle construction de six nouveaux EPR similaires à celui de Flamanville (1570 Mw électrique)!

Il vient de découvrir la Lune, à savoir le fait que l'énergie nucléaire est aussi "propre" queénergie éolienne en termes d'émissions de dioxyde de carbone et, par ailleurs, contrairement à ce dernier, c'est l'énergie non intermittente qui est déterminante. L'intermittence implique la création de systèmes de stockage très coûteux qui génèrent de graves pollutions (lors de l'extraction du lithium par exemple). Ces systèmes de stockage, qui seraient nécessaires si la production électrique d'origine éolienne et photovoltaïque devenait majoritaire (ils ne constituent actuellement que de l'énergie de secours en France et, par conséquent, nous ne sommes pas obligés de stocker de l'énergie; il suffit de baisser la puissance produite par le charbon ou centrales au gaz en cas de vent et / ou de soleil).

Le GIEC considère (voir son rapport intérimaire d'octobre 2018) que la production mondiale d'énergie nucléaire devrait être multipliée par cinq pour limiter les émissions de dioxyde de carbone. Bien que nous ne soyons pas certains, loin de là, de l'origine humaine et "carbonique" des perturbations climatiques qui suivent la période de réchauffement de la fin du siècle dernier (1973-1998), nous pensons que la meilleure solution en termes de la production d'énergie pour l'avenir, c'est l'énergie nucléaire. Il permettrait de remplacer les hydrocarbures appauvris et, en même temps, de réduire considérablement les émissions de CO2 qui inquiètent de nombreuses personnes.

Une des voies de l'avenir pourrait être celle des mini-réacteurs qui sont utilisés depuis plusieurs décennies dans nos sous-marins à propulsion nucléaire. L'avantage de ces machines réside dans l'industrialisation de leur fabrication, la baisse des coûts liés à l'industrialisation et la rapidité de leur construction liée au fait que les mini-réacteurs seront livrés "prêts à l'emploi" sur les sites où ils seront être installé. De plus, installée à la périphérie des villes, la chaleur qu'elles rejettent pourrait être utilisée pour chauffer des habitations, des serres pour la production horticole, des usines, des immeubles de bureaux … (réseaux urbains); nous aurions alors une énergie thermique très peu coûteuse (l'énergie électrique produite par ces mini-réacteurs serait également peu coûteuse, entre un et deux centimes d'euro par kWh). Des études sont en cours en Chine, en Russie, aux États-Unis, au Canada et en France (projet soutenu par l'État et mené conjointement par le CEA, Conseil Chauffage, TechnicAtom et Naval Group). Le mini-réacteur français SMR (petit réacteur modulaire) aura une puissance inférieure à 200 Mw électriques. La fiabilité et la sécurité de cette machine est un point essentiel de sa conception. Les premières machines françaises devraient être livrées en 2030.

Le parti écologiste finlandais est favorable à l'utilisation de ces mini-réacteurs qui chaufferaient les villes finlandaises (un pays où le chauffage est un poste budgétaire important) et convertiraient entièrement le parc en électricité. Les Finlandais sont intéressés par le mini-réacteur IMSR de la société canadienne Terrestrial Energy, qui utilisera une technologie de «sel fondu» plus sûre que la technologie de l'eau sous pression. Le vent tourne-t-il?

Bruno Guillard

Image de Ulrike Leone de pixabay