France – Monde | Macron face au Mont-Blanc : « Je n’imaginais pas une fonte aussi rapide »
Emmanuel Macron est venu jeudi dans le massif du Mont-Blanc pour "toucher du doigt" aux effets dévastateurs du changement climatique. Une visite symbolique censée amorcer le virage écologique de son mandat de cinq ans mais sans nouvelle annonce.
Visite de la Mer de Glace
Aux petites heures du matin, le président de la République a longtemps traversé la Mer de Glace. Dans sa combinaison de ski bleu foncé, il a écouté le terrible inventaire climatique: la glace se rétrécit de 8 à 10 mètres par an, soit environ 2 kilomètres depuis 1850. Le glacier a perdu 120 mètres d'épaisseur en un siècle. L'illustration la plus spectaculaire de l'impact du réchauffement climatique en France.
Face à l'alternance de roches grises et de glace bleu vif, Emmanuel Macron se laisse aller: "Je n'imaginais pas une fonte aussi rapide, c'est impressionnant. On se rend compte comment les non-décisions prises y arrivent".
Discours sur l'urgence climatique
En fin de matinée, il a prononcé un discours ardent à Chamonix sur «l'urgence climatique», «la lutte du siècle» selon lui. Il a dit qu'il ressentait «notre propre vulnérabilité, la fragilité de ce paysage que l'on pensait inamovible» ici.
Sans nouvelle annonce, il dresse le tableau des actions qu'il associe aux objectifs écologiques, citant la revitalisation des centres-villes pour lutter contre l'étalement urbain, la loi sur le recyclage voire la création, annoncée la veille, de nouveaux parcs naturels, notamment pour protéger Mont blanc.
La veille au soir, il a dîné pendant près de trois heures avec des célébrités telles que le célèbre climatologue Jean Jouzel ou la spécialiste de la biodiversité Anne Larigauderie, de l'IPBES, qui a publié un rapport alarmant sur la disparition des espèces.
La biodiversité, un autre combat
Dans son discours de jeudi, il a déclaré que "la lutte pour la biodiversité est indissociable de la lutte contre le réchauffement climatique". Quelque "60% des animaux sauvages ont disparu au cours des 50 dernières années, les espèces disparaissent à un rythme 1000 fois supérieur au taux d'extinction naturelle", a rappelé le chef de l'Etat qui a également lancé pour l'occasion l'Office français de la biodiversité ( OFB).
"Ce sera le combat du siècle et nous avons décidé de le reprendre dans notre pays", a lancé le président, tel que rapporté par nos confrères du Dauphiné Libéré.
Rencontre avec les élus
Emmanuel Macron devait déjeuner à Saint-Gervais-les-Bains avec des élus locaux qui veulent le défier sur la pollution de la vallée de l'Arve, provoquée par le passage de trop de poids lourds et le chauffage au bois.
Une manifestation locale contre la pollution et la réforme des retraites a rassemblé 250 personnes, mais elle s'est dispersée avant l'arrivée d'Emmanuel Macron.
"Venez pleurer devant la Mer de Glace lorsque les accords des conférences climat ne sont pas respectés et que les émissions de gaz à effet de serre augmentent, c'est du défilé, c'est com '", a tancé dans le cortège Pierre Delpy, de l'énergie conseiller dans une association.
Laurent Wauquiez, président de la région, avec le maire de Chamonix Eric Fournier, soutenu par LREM, ont demandé au président de réglementer les camions les plus polluants du tunnel du Mont Blanc et de développer le chemin de fer dans la vallée.