Au pied du mont Blanc, Emmanuel Macron souligne « notre vulnérabilité » écologique
Publié le: Modifié:
Emmanuel Macron se rendait jeudi dans le massif du Mont Blanc pour tenter d'amorcer le virage écologique de son mandat de cinq ans. Mais son discours après la visite de la Mer de Glace ne contenait aucune nouvelle annonce.
Le chef de l'Etat a franchi la mer de Glace dans le massif du Mont Blanc le jeudi 13 février. Ce glacier est l'illustration la plus spectaculaire de l'impact du réchauffement climatique en France.
La glace se rétrécit de 8 à 10 mètres par an, soit environ 2 kilomètres depuis 1850. Le glacier a perdu 120 mètres d'épaisseur en un siècle. «Le glacier rend visible l'invisible», explique le glaciologue Luc Moreau.
"Je n'avais jamais imaginé un casting aussi rapide, c'est impressionnant. On se rend compte à quel point les non-décisions l'ont fait", a expliqué Emmanuel Macron avant l'alternance de roches grises et de glace bleu vif.
En fin de matinée, il a prononcé un discours ardent à Chamonix sur "l'urgence" climatique, "le combat du siècle" selon lui. Il a dit ressentir ici "notre propre vulnérabilité, la fragilité de ce paysage que l'on pensait inamovible". "Il faut démontrer que cette stratégie est compatible avec le progrès économique parce que c’est la stratégie à laquelle je crois ", at-il ajouté.
Sans nouvelle annonce, il dresse le tableau des actions qu'il associe aux objectifs écologiques, citant la revitalisation des centres-villes pour lutter contre l'étalement urbain, la loi sur le recyclage voire la création, annoncée la veille, de nouveaux parcs naturels, notamment pour protéger le Mont-Blanc.
La veille au soir, il a dîné pendant près de trois heures avec des personnalités telles que le célèbre climatologue Jean Jouzel ou la spécialiste de la biodiversité Anne Larigauderie, de l'IPBES, qui a publié un rapport alarmant sur la disparition des espèces.
"Les annonces pas à la hauteur"
Avec ce voyage, Emmanuel Macron souhaite faire de l'écologie l'une des deux priorités de sa fin de mandat de cinq ans, qui s'est enlisée dans la réforme des retraites. Pour ouvrir ce chapitre, il a présidé mercredi un Conseil de défense écologique à l'Élysée. Le sujet est incontournable, y compris dans les urnes un mois avant les élections municipales.
Emmanuel Macron devait déjeuner à Saint-Gervais-les-Bains avec des élus locaux qui veulent le défier sur la pollution de la vallée de l'Arve, provoquée par le passage de trop de poids lourds et le chauffage au bois.
Sur place, une manifestation contre cette pollution et la réforme des retraites a rassemblé 250 personnes, mais elle s'est dispersée avant l'arrivée d'Emmanuel Macron. "Venez pleurer devant la Mer de Glace lorsque les accords des conférences climat ne sont pas respectés et que les émissions de gaz à effet de serre augmentent, c'est du défilé, c'est com '", a tancé dans le cortège Pierre Delpy, de l'énergie conseiller dans une association.
Laurent Wauquiez, président de la région, avec le maire de Chamonix Eric Fournier, soutenu par LREM, ont demandé au président de réglementer les camions les plus polluants du tunnel du Mont Blanc et de développer le chemin de fer dans la vallée.
Arnaud Gauffier, directeur des programmes au WWF, a salué le voyage sur "les symboles du réchauffement", mais "a regretté (que) les annonces n'aient pas été à la hauteur". Il a déploré que "ce qui fait disparaître les glaciers, c'est le réchauffement climatique, si cela ne va pas de pair avec une politique ambitieuse de réduction des émissions, cela ne sert à rien, et dans ce domaine nous ne sommes pas tout dans les clous".
Avec AFP