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Vieilles badernes contre jeunes crétins

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Vieilles badernes contre jeunes crétins


Le progrès de la société est en bonne voie. Mais cela signifie-t-il que nous devons avaler aveuglément toutes les «avancées» essentielles qui nous sont offertes? Chronique sur mieux vivre avec son temps, entre progrès réel et fausse amélioration.


Il semble que les quinquas soient obsédés par c'était mieux avant. Les sextats envoûtés de regardant en arrière. C'est-à-dire, selon Larousse, que les gens se sont concentrés "sur une attitude de repli sur les valeurs du passé". Rétrograde, retardée, fossilisée par une sensation excessive de nostalgie. De régresseurs en bref. Cela ne doit pas être loin de la réalité. Il faut savoir accepter la critique. Et aussi aller à la preuve. Il est bien clair que ce genre d'attitude se retrouve plus souvent en nous, les vieux badges, qu'en vous, les jeunes crétins. Cependant, il y a aussi un léger inconvénient à cette cascade de critiques. On peut presque être mis à l'écart des voitures – évidemment du V8 essence – et mis dans la boite senior, mis au rebut de notre société, constituant ainsi un soutien au conservatisme (cette philosophie politique évidemment odieuse), tout en acceptant de vivre avec son temps.

Concessions à la modernité, mais pas aux données

La preuve, je suis un utilisateur convaincu de toutes les avancées modernes essentielles et décisives. Le tout-grille-pain Seb par exemple, la seule capable de faire dorer toutes les miettes – même le Carême – et évidemment celle de la baguette; l'ouvre-boîte électrique aussi. Machine qui a fait beaucoup pour la libération de thon. Pas de blague, mais pas des maniaques Publication sur Instagram, érotomanes de tweet choc ou neuropathes (cycliques) de Facebook, les personnes âgées savent aussi vivre avec leur temps. La preuve, j'écris cette colonne sur mon iPhone. Je l'enverrai quand il sera terminé à mon éditeur par Email et il me répondra probablement avec WhatsApp. N'est-ce pas cette modernité?

Je utilise le Sans fil partout où je vais, je contrôle mon chauffage à distance, je regarde la télé sur mon Freebox, ma série sur iPad et la météo sur une application. Je peux donc témoigner du réchauffement climatique en vivre en direct compter les tempêtes. Et je garde surtout mes mains propres. Mais il faut quand même reconnaître qu'il y a des choses modernes qui m'épuisent. Avant-garde qui m'épuise. le Les données par exemple. Nous n'avons que cela dans nos bouches. Avons-nous vraiment besoin du Les données? Les compteurs Linky qui connaît mieux que vous la consommation de votre rasoir électrique ou de votre four micro-ondes, à quoi ça sert? Mieux analyser vos besoins ? Ordures. C'est particulièrement utile pour nous coller des publicités plus ciblées, oui.

Aussi sûr que les vérandas Athéna aura fini de défigurer les dernières jolies maisons françaises avant dix ans, en enrichissant les animateurs du Grosses têtes. Et le 5G ?

Nous n'avons pas à tout prendre

Le paracétamol produit à 90% en Chine, Renault fabriqué au Maroc, à 300 euros le salaire minimum local, et le PMA? Qu'est-ce que ça change? Aller plus vite? Dépenser moins? Pour être plus libre? Vous parlez. Augmentez les bénéfices oui. Ça c'est sûr. C’est la chose la plus fatigante. Essayons de nous faire croire que le progrès vise à améliorer nos vies. Que le Canard WC est une révolution qui va libérer la ménagère d'un coup de bec et faire renoncer les âmes aux fabricants de brosses de toilette. Que le sweat-shirt n'a pas encouragé les vocations chez les concessionnaires. Et ce couscous de quinoa végétalien est meilleur pour l'estomac que la blanquette. Quand en réalité, toutes ces innovations, ces avancées majeures, grands ou petits, qui nous incitent à vivre avec notre temps, ne sont là que pour accélérer notre consommation. Et donc accentuer les profits. Faites le compte autour de vous. Et vous vous rendrez compte que le moindre de nos prétendus conforts modernes n'a en fait été pensé que pour gagner plus d'argent.

C'est pourquoi, plus le temps passe, plus j'ai tendance à n'avoir qu'un seul objectif: la liberté. Mais attention, pas celle qui s'arrête là où les autres commencent. Non, la liberté, réelle. Celui de penser différemment. Celui de vivre comme je l'entends. Celui qui comprend le droit de s'exprimer, de publier, d'informer et de débattre. Celui qui me permet également de me déplacer librement. Celui qui enfin me garantit la préservation des biens et des personnes. Et surtout le droit de choisir. Et si c'est ce que c'est que d'être un vieil idiot, alors j'accepte volontiers le nom. Tout d’abord parce que j’aime Funky Music et le requiem de Fauré. Quelqu'un comme toi d'Adèle et le Stabat Mater de Rossini. Persil de boeuf de Sébastien Ruffier et paiement PayPal. Je prends ce qui est bien en cours. Et j'efface le reste. Je le méprise même. Et pourtant j’ai assisté aux débuts de Mireille Mathieu à Jeu de chance. Je ne regrette donc pas les cabines téléphoniques et le VHS Pathé Marconi. Parce que le SMS fonctionnent mieux que le télégraphe à bras. J'aime aussi rouler détendu à régulateur de vitesse avec l'appli Waze doublé par mon Coyote. Ceinture et bretelles.

Et j’attends même le moment, pas si loin, où je peux aller travailler avec un drone pneumatique. Juste pour avoir le plaisir de voir les choses encore plus haut. Et riez de la mairie. C'est un vrai progrès. Continuez à rêver et à évoluer. Sans détruire ou déclasser tout notre bonheur passé.