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On entend la nature : l’environnement profite de notre confinement

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On entend la nature : l’environnement profite de notre confinement

Le silence des villes est saisissant. L'air y est meilleur. Le bruit et la pollution visuelle liés au trafic ont diminué.

La faune et la flore commencent-elles à en bénéficier? Et notre propre air: est-il moins pollué?

Proximité. Dans les villages devenus calmes, les animaux sauvages s'aventurent dans les jardins. F. et L Gery

Le fantasme d'une nature qui reprend ses droits fait des millions de followers qui partagent des observations qui apportent de l'espoir … Mais les réseaux véhiculent aussi des clichés. En vérité, voici ce que j'ai pu découvrir.

Homo sapiens, considérée comme l'espèce la plus envahissante de la planète, a été invitée à se retirer dans sa cellule d'origine pendant quatre semaines. Et surtout, y rester. Confiné!

Un peu plus de verdure dans les rues du centre-ville de Chamalières (Puy-de-Dôme)
Pas de répit la semaine où la France a basculé!

C'est le premier constat: les espaces naturels n'ont pas vécu quatre semaines de tranquillité … ils ne sont que trois!

Il me semble que malentendus de la première semaine de «confinement» ont libéré des hordes de promeneurs, de chiens et de jeunes libérés de leur programme d'études …

Une chaîne de solidarité spontanée permet au Wildlife Care Center de continuer à fonctionner dans le Puy-de-Dôme

Les observateurs de la région le confirment: la nature a dû commencer par se cacher! A Villars (près du Puy de Dôme) on me dit que j'étais terrifiée par le monde, et même incapable de sortir car il y avait tellement de voitures garées! Et puis les homo-sapiens, ont réalisé en même temps que c'était verbalisable et mortel …

Au cours de la semaine 2, la nature a commencé à respirer.

Les espoirs des naturalistes

Difficile de savoir ce qui se passe au-delà du kilomètre de sortie réglementaire.

"Comme tout le monde, nous ne sommes pas à l'état sauvage et nos observations sont basées sur ce que nous vivons autour de nos maisons."

Lucie le Corguille (chef de projet au Conservatoire des espaces naturels (CEN) en Auvergne)

De leur domicile, les observateurs espèrent donc que les sites naturels «éloignés» bénéficieront d'un calme qui profitera à la faune: «Nous sommes en train de se reproduire».

le LPO a également un impact sur la nidification des oiseaux. "Mais, pour le moment, nous ne voyons pas vraiment de différence."

Trop de trafic autour des villes pour une reconquête

Oubliez l'idée d'une nature sauvage qui aurait déjà regagné du terrain dans les sentiers proches de Clermont, Vichy, Moulins, Riom, Issoire, Aubière ou Limoges …

Il faudra bien plus d'un mois de ce confinement pour que la nature de la "proximité urbaine" évolue.

Pourquoi ? Choisissez votre animal. Cerf? Renard? Martre? Mettez-vous alors à sa place.

Pendant la journée, des observateurs (isolés ou autorisés à circuler) ont fait le test: il ne passe pas une demi-heure sans voir passer un jogger ou un randonneur, souvent avec des chiens!

À Conservatoire d'espaces naturels (CEN), Lucie Le Corguille note même «une augmentation (appréciable) de la fréquentation du coteau de Mirabel (Riom). Je vois beaucoup plus de gens et je m'interroge sur l'impact de cette perturbation sur la nidification printanière. "

Jogging à la sortie de Guéret …

Mais ce constat n'est heureusement pas partagé partout. "Un autre collègue du CEN ne rencontre personne sur les bords de la Morge …", me rassure-t-elle.

Écureuils et hérissons plus visibles

Je n'ai trouvé aucune photo de canards traversant Clermont sur des passages piétons. Mais on m'a raconté de nombreuses histoires d'écureuils ou de hérissons présents près des maisons.

Très proche des maisons, des écureuils. Photo: Franck et Luca Gery

Y accordons-nous une attention particulière? Avons-nous plus de temps pour observer la saison de sortie des mammifères hibernants? Mystère…

Comme effet positif du manque de circulation, les espèces humaines les plus commensales, telles que les écureuils ou les hérissons, ont rapidement compris qu'il y avait un rétablissement possible.

Je veux croire qu’ils sont, pour une fois, moins perturbés. Ils sont en tout cas moins sujets aux collisions routières!

Sur la route d'Ambert

Tant de chants d'oiseaux!

Du matin au soir, je ne m'en lasse pas. J'ai l'impression qu'ils chantent comme jamais auparavant. "Ils" car il y a des chansons que je n'avais jamais repérées et sur lesquelles je ne pourrai pas mettre de plumage.

En ville. Les chansons sont mélangées avec les tambours des pics, que l'on entend généralement peu en ville. Photo Franck et Luca Gery

Et puis je les vois! Merles, coucous et beaucoup de mésanges, mais aussi pics et élégants chardonnerets qui sont soupçonnés d'être menacés …

La pollution sonore couvrait-elle leurs trilles? Ai-je eu moins de temps pour les écouter? Je me suis enfermé dans un bureau …

Je me demande si le confinement favorise vraiment le retour de plus d'oiseaux dans les zones habitées et ramené au calme …

"Bonjour LPO?"

À la Délégation Auvergne Rhône-Alpes, vous avancez un stylo après l'autre, en évitant toute conclusion simpliste.

"Le trafic routier et la réduction de certaines activités, causes de mortalité, auront sans aucun doute un impact … Notre confinement peut aussi être bénéfique aux espèces qui se reproduisent en cette saison"

Magali Germain (LPO Auvergne Rhône-Alpes)

Mais je me rappelle aussi que cette période d'isolement correspond aux retours de migration, aux chants territoriaux … Bref, on entend normalement beaucoup de chants en cette saison.

Ces cinq oiseaux communs qui disparaissent en Auvergne

Cela dit: «Notre confinement peut également être bénéfique pour les espèces qui se reproduisent en cette saison: il y aura moins de perturbations pour les chardonnerets, les canards, les oiseaux migrateurs venant nicher dans les zones humides, les rapaces comme le cerf-volant noir ou l'aigle botté…»

Un héron aux cendres (Puy-de-Dôme). Photo Francis Campagnoni

"Mais c'est un calme temporaire qui n'inversera pas les tendances mondiales de déclin des espèces", insiste Magali Germain.

Je me rappelle surtout que l'enfermement ne renferme pas ce redoutable prédateur que l'homme caresse en direction de la chevelure: son chat!

Lézards, amphibiens et amphibiens enfin tranquilles

C'est peut-être sur cette faune discrète que le confinement sera le plus perceptible. Le printemps correspond aux migrations d'amphibiens et à la reproduction dans les étangs de sentiers qui ne seront plus soumis aux semelles et aux pneus tout-terrain. Sans humains, les lézards, les crapauds et les salamandres sont moins écrasés, c'est sûr! Et moins dérangés, ils peuvent sortir plus facilement.

La végétation urbaine change

Fermés au public, de nombreux parcs sont également laissés plus "naturels". L'herbe pousse. Quelques fleurs sauvages aussi. Même de loin, vous pouvez voir des insectes. Il butine, il pollinise … Calme.

Nouvelle pollution

Oui mais ici, quelque chose ne va pas en ville, en cette quatrième semaine de détention.

Je comprends enfin: les masques et les gants en latex fleurissent dans les parterres de fleurs, les gouttières et les chemins autour des villes. Non biodégradables, elles sont une pollution durable…

L'espoir dans les rivières

La pêche, qui a ouvert ses portes le 14 mars, est suspendue. Ce qui devrait se traduire mathématiquement par moins de poissons taquinés.

Cette fois, la pêche est finie dans le Puy-de-Dôme

Mais à la fédération de pêche du Puy-de-Dôme, Luc Bortoli m'explique que ce ne sera pas forcément un bien. «En début de saison, les truites sont très demandées. Les poissons ont l'habitude d'être des pêcheurs et sont difficiles à attraper: on peut imaginer que l'absence d'un pêcheur pourrait réduire leur méfiance. A voir en fonction de la durée de l'accouchement. "

"Avril et mai correspondent à l'émergence d'alevins de truite sortant des graviers: la réduction des activités et des travaux sur les réseaux hydrologiques se traduira peut-être par un meilleur succès."

Luc Bortoli (Fédération de la pêche et de la protection aquatique du Puy-de-Dôme)

"En revanche, il n'y aura pas d'impact significatif sur les populations: ceux qui croient encore que le retrait est à l'origine de la rareté sur certaines rivières se trompent: la qualité de l'environnement, c'est la clé!" Et là, il des soucis. Les produits de blanchiment et de désinfection utilisés dans les espaces publics retournent dans le milieu aquatique. C'est un danger pour tous ceux qui y vivent.

Plus encourageant: le confinement pourrait être positif pour la reproduction de la truite.

Et la pollution?

Ceux qui ont la chance d'être confinés, perchés ou dans des logements avec vue, disent qu'ils ont rarement vu un horizon aussi clair. Plus de nuage de pollution sur Clermont-Ferrand. Par beau temps, nous pouvons voir les montagnes du Forez!

«Le confinement se traduit déjà clairement par une réduction des polluants, en particulier ceux émis par le trafic. "

Cyril Besseyre (Correspondant Auvergne – Loire pour l'observatoire de la qualité de l'air d'Atmo)

En Auvergne, le constat est flagrant: une baisse de 50% du dioxyde d'azote, un polluant émis en grande majorité par le trafic routier et aérien (par rapport aux cinq dernières années). «En arrière-plan et pas seulement près des axes de circulation. Et c'est équivalent pour toutes les villes, car l'intensité du trafic a été considérablement réduite. »Près des grands axes, cette baisse atteint 70 à 80%!

Photo Fred Marquet

Cependant, Atmo n'a pas observé de baisse significative d'autres polluants, en particulier les particules fines et l'ozone.

Pour les particules fines, la part émise par l'industrie a diminué, mais les niveaux ont augmenté dans nos stations de mesure, de près de 10% sur la période confinée de mars.

Des enquêtes récentes ont montré que les poêles à bois inefficaces jouent un rôle important. Les plantes brûlées (illégalement) par des jardiniers qui ont trouvé les centres de recyclage fermés, ou le travail agricole saisonnier peuvent également avoir un impact.

Quand le coronavirus … nous permet de mieux respirer à Clermont-Ferrand

L'ozone, un polluant secondaire, n'est pas émis directement par l'activité humaine, mais résulte de la transformation dans l'atmosphère de polluants dits primaires (composés organiques du chauffage, de l'industrie, des plantes, etc.) en présence de rayonnement solaire: le bien la météo favorise cette production.

Le ciel nocturne est-il plus clair? Les astronomes amateurs d'Auvergne ont du mal à répondre. Tous se délectent de la suspension du trafic aérien: sortez des avions et de leurs reflets qui peuvent masquer d'autres observations (ciel clair à Billom, photo Astronomes amateurs d'Auvergne). "Le ciel est plus clair", a déclaré Jean-Paul Michon, président de laAssociation Les Pléiades.
Les Pléiades. Photo des astronomes amateurs d'Auvergne, Cara Collective
Pour le reste, pas de différence évidente: tant du point de vue de la qualité de l'air que de la réduction de la pollution lumineuse, ce qui améliorerait la visibilité des objets célestes. C'est pourtant une évolution qu'espérait Daniel Rousset, à la fois passionné d'astronomie et représentant en Auvergne deAssociation nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne (Anpcen), sur les hauteurs de Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme). "On aurait pu penser que les communes allaient réduire l'éclairage car elles sont moins nombreuses à voyager la nuit. Ce n'est rien, ce que je vois de chez moi. Il y a toujours la même pollution lumineuse. J'ai écrit à une centaine de communes, pas de réponse … Dans le même temps, nous avons reçu une copie du courrier d'un lobby industriel conseillant aux municipalités de ne pas profiter du confinement pour réduire l'éclairage. Arguant que cela augmenterait l'anxiété de la population! "

Anne Bourges
anne.bourges@centrefrance.com