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Muncipales à Paris : Buzyn, Villani, Hidalgo, Belliard… ça s’échauffe sur les terrasses chauffées

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Muncipales à Paris : Buzyn, Villani, Hidalgo, Belliard… ça s’échauffe sur les terrasses chauffées

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DÉBAT – Lundi 24 février, Agnès Buzyn, en lice pour le maire de Paris, s'est prononcée contre l'interdiction des terrasses chauffées, reprenant la ligne établie par son prédécesseur Benjamin Griveaux. Les écologistes sont farouchement en faveur. Anne Hidalgo, elle tergiverse.

"C'est l'âme de Paris d'être sur une terrasse de café", a déclaré lundi 24 février Agnès Buzyn sur Europe 1 pour exprimer son désaccord avec l'interdiction du chauffage des terrasses de cafés dans la capitale. Une sortie qui a fait l'objet de moqueries mais qui reprend, presque mot pour mot, la dialectique utilisée par Benjamin Griveaux, candidat déchu à la mairie de Paris. À Parisien, l'équipe de campagne de ce dernier avait en effet indiqué que "les terrasses font partie de l'âme de Paris et les cafetières ont déjà souffert".

La désormais candidate Agnès Buzyn justifie sa position en insistant sur la tradition parisienne des terrasses de café. Cependant, si les terrasses sont ancrées dans le patrimoine culturel de Paris, les terrasses chauffées sont apparues avec la loi Evin de 2008 qui interdit de fumer à l'intérieur des restaurants. En conséquence, les fumeurs sont sortis des cafés et des parasols chauffants s'y sont installés. Quelle position occupent les autres candidats à Paris? Quel est l'impact énergétique de cette pratique? Que pensent les restaurateurs?

Quelle est la position des autres candidats?

Pour le : David Belliard, le candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV) souhaite les interdire. Son parti est également sur une ligne constante: les Verts ont tenté à plusieurs reprises de faire voter par le Conseil de Paris la fin des terrasses chauffées. Dernière tentative datée du 12 décembre dernier lorsque le groupe porté par Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement, avait déposé un vœu en ce sens. Au LCI, l'élu avait justifié une telle mesure, expliquant qu '"on ne peut pas s'appeler écologiste et vouloir se libérer des saisons".

Les Verts s'inspirent pour cette fois de la commune de Rennes qui, en interdisant le chauffage des terrasses au 1er janvier 2020, est en passe de devenir la première grande ville française à adopter une telle mesure. En réponse, le Conseil de Paris a alors proposé de "réaliser une évaluation de la réglementation des étalages et terrasses à Paris, et à terme, de lancer une consultation en 2020-2021".

Le candidat dissident majoritaire Cédric Villani s'est également dit favorable à l'interdiction des terrasses chauffées à Paris, ajoutant que "l'impact économique des commerçants" devait être évalué.

Les avantages mais …: Anne Hidalgo est prudente sur le sujet. Si la maire de Paris a voté pour une interdiction à long terme des terrasses chauffées, elle a nuancé ses propos en insistant sur la nécessité de "trouver des solutions alternatives" à leur éventuelle fin. Sur Cnews, son premier adjoint Emmanuel Grégoire a déclaré en janvier que s'il s'agissait "d'une hérésie écologique", il fallait "prendre le temps de consulter et dialoguer avec les professionnels pour étudier comment sortir progressivement de cette utilisation". Une telle concertation, annoncée par le Conseil de Paris en décembre et souhaitée par Anne Hidalgo, ne peut avoir lieu en période électorale: elle devra donc attendre les élections municipales pour son lancement.

La position de Rachida Dati, candidate des républicains, n'est pas connue pour le moment, son équipe de campagne n'ayant pas répondu à nos demandes.

Les inconvénients: Agnès Buzyn s'est donc déclarée défavorable au bout des terrasses chauffées.

Rachida Dati avait auparavant gardé le silence sur ce sujet. Au LCI, son équipe de campagne a clarifié la position de la candidate républicaine: "L'interdiction du chauffage des terrasses fait partie des mesures d'écologie punitive qui ne feront que pénaliser davantage les entreprises. De plus, les terrasses sont emblématiques de Paris, il serait triste de les voir disparaître". Avant d'ajouter, à Anne Hidalgo: "Avant de demander aux entreprises de faire des efforts, il faut être exemplaire soi-même et ce n'est pas le cas de la mairie de Paris qui a pris un retard phénoménal dans l'isolation énergétique de ses immeubles et le remplacement de son diesel flotte. "

Quel est l'impact énergétique des terrasses chauffées?

La ville de Paris compte désormais 10 000 terrasses ouvertes et 3 500 terrasses fermées, selon les chiffres de la mairie. Et 75 à 80% d'entre eux sont chauffés, précise le Groupe national des indépendants de Paris Ile-de-France. En 2011, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, avait tenté d'interdire l'utilisation des chauffages au gaz au motif qu'ils émettaient des gaz polluants. Une interdiction qui n'a pas porté ses fruits depuis deux ans plus tard, la justice administrative a rétabli leur usage. Aujourd'hui, les terrasses sont donc équipées de radiateurs à gaz, communément appelés braseros, et de radiateurs électriques.

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Les braseros prennent la forme de parasols et émettent en chauffant du gaz propane. Selon Jacques Boutault, qui s'appuie sur une étude réalisée par Carbone 4 en 2009, une surface de 12 mètres carrés chauffée toute la journée équivaut, en émissions de CO2, au trajet de 350 km d'un SUV.

Les radiateurs infrarouges électriques n'émettent pas de gaz à effet de serre mais consomment néanmoins beaucoup d'énergie. En théorie, selon l'Agence française de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, qui estime qu'un kilowatt (1000 watts) émet entre 500 et 600 grammes de CO2. Les radiateurs électriques, principalement utilisés dans les bars et restaurants, ont une puissance énergétique variant de 300 à 1 400 watts, lorsqu'une ampoule émet en moyenne 60 watts.

Que disent les restaurateurs?

Le principal argument des commerçants est financier. Le syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetières et traiteurs estime que l'occupation des terrasses représente 20% de leur chiffre d'affaires. Une interdiction du chauffage de leurs terrasses entraînerait automatiquement, selon la société, une baisse de fréquentation.

Cependant, les terrasses chauffées représentent un coût pour les restaurateurs. Un gérant de café interrogé par LCI en décembre dernier a évoqué une facture d'électricité triplée en hiver. Et pour cause, son établissement situé Porte de Saint-Cloud dispose de 25 radiateurs électriques chauffant une terrasse de 75 m². Le restaurateur s'est dit prêt à s'adapter: "L'idéal serait de trouver des temps d'allumage, deux ou trois heures par jour". Pour un éventuel compromis entre écologistes et restaurateurs, il faudra attendre le moment de la consultation.

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