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Le prix de l’invisible – La Vie des idées

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Le prix de l’invisible – La Vie des idées

La crise sanitaire de Covid-19, aussi dramatique soit-elle, ressemble aussi à une répétition de catastrophes futures, sanitaires et écologiques. Dans cette crise, les femmes sont curieusement omniprésentes … et absentes. Présent sur tous les fronts, car ils continuent à nous être montrés dans les médias: à la machine à coudre, faire volontairement des masques " alternative " ; avec un balai, nettoyer les hôpitaux et les magasins toujours ouverts ; au chevet des patients, aux caisses qui leur permettent de mener une vie vivable. Une vague de mauvaise conscience collective émerge ; les clients saluent et remercient les caissiers qui, il y a quelques semaines, ne payaient pas un coup d'œil, ajustant mécaniquement leurs achats tout en parlant via leur téléphone portable à une personne distante, clairement beaucoup plus important. Les politiciens saluent le travail des soignants, des médecins et des infirmières, qui depuis des années refusent avec dédain la moindre augmentation des ressources, plaçant l'hôpital public dans une situation de dénuement telle que dans les premières semaines de la crise, son personnel n'avait pas moyens de protection contre l’épidémie.

La pandémie agit comme un dispositif de visibilité pour des pratiques généralement discrètes et sensibilise à l’importance se soucier, travail des femmes et autres " petites mains Dans la vie de tous les jours, revient souvent aux murs de la vie domestique. C’est ce que nous appelons le travail de se soucier qui assure la continuité de la vie sociale. On redécouvre Joan Tronto pour la version politique de se soucier qu'elle a proposé de mettre l'accent sur l'activité de soins, et non de la limiter aux affects ; mais il ne faut pas oublier la définition qu'il propose:

Au sens le plus général, se soucier fait référence à une sorte d'activité qui comprend tout ce que nous faisons pour entretenir, préserver et réparer notre monde afin que nous puissions y vivre le mieux possible. Ce monde comprend nos corps, ce que nous sommes chacun en tant que personne, notre environnement, tout ce que nous cherchons à tisser ensemble dans un filet serré et complexe dont le but est de soutenir la vie ((1).

" Nous devons défendre la société "certes. Mais ceux qui le défendent, ils sont invisibles que jusqu'à récemment nous tenions pour le visage submergé de la société, le" pris pour acquis Cela rend nos vies possibles. Réduits (en tout ou en partie) à notre vie domestique, une grande partie des citoyens se rendent compte qu’eux et ils ont constamment besoin de nous pour se soucier… Parce que du coup, ils assurent, hommes et femmes, enfin, une partie de ce travail, ce nettoyage, ce rangement, cette éducation des enfants… souvent à temps » Ordinaire "Confiée à autrui. La grammaire de se soucier est remarquablement imposée à tous: nous sommes tous dépendants des autres, que ce soit pour les besoins de base, pour la vie à mort ou pour des besoins plus ordinaires. Ce sont les deux sens de la vie, biologique et social ((2), qui s'imposent soudain à nous: la vie qui nous est donnée et que nous pouvons perdre ; vie ordinaire, rendue possible ou aidée. Le continuum d'activités se soucier, si complexe à expliquer en théorie, est évident.

La conscience de la vulnérabilité est aussi ce qui permet cette nouvelle sensibilité. Nous sommes tous vulnérables même si ce n'est pas de la même manière ou au même degré, y compris en matière de risque sanitaire. L'autonomie, très appréciée des philosophes – et des féministes traditionnellement, qui était la priorité de la première vague ((3) – révèle une illusion d'optique: l'autonomie de l'un est rendue possible par le travail des autres. Nous retrouvons l'importance de la solidarité et de la protection, contrairement aux discours politiques qui dominent la France depuis des décennies. Tout semble prêt pour un changement de valeurs, ou plutôt la prise en compte enfin des valeurs primaires qui sont l'attention aux autres, l'égale protection due à chacun, la dignité de la vie.

Les femmes au bord

Cependant, les femmes sont aujourd'hui largement absentes de la réflexion et de l'action politique, comme si la crise, qui révèle brutalement leur rôle, les maintenait toujours au bord de la discussion, toujours invisibles. Les femmes sont remarquablement absentes des médias publics et de la politique en temps normal (25 % de couvertures et de sujets), marginal ; des experts masculins se succèdent au micro ou dans la galerie, pleins de certitude et de compétence, pour " pense après "(Parce que la pensée a systématiquement droit au complément d'objet direct): quatre hommes dans l'un des parisiens nous le disent" le monde après ", Figarovox nous propose de" pense à la crise Avec Sylvain Tesson, Pierre Manent, Jean-Pierre le Goff, Arnaud Teyssier, Jean-Pierre Le Goff, Joshua Mitchell, Pierre Vermeren, Michel Onfray, Alain Finkielkraut et Chantal Delsol. Le discours masculin est exposé dans tous les médias, comme l'a récemment noté le Haut Conseil pour l'égalité, déplorant la présence ultra majoritaire des hommes sur les décors la télé. Les députés de gauche viennent de souligner la nature douloureuse du défilé des orateurs masculins lors de la débat sur le confinement, dans une assemblée qui avait constitué un progrès vers la parité. Affichant le monopole de l'expertise, ce discours omniprésent est un rappel constant de la domination masculine dans un monde qui s'avère être soutenu par le travail des femmes. Dans le domaine intellectuel, les hommes signent la grande majorité des forums et analyses des conséquences du Covid publiés dans les médias. Ils publient plus qu'avant, les femmes beaucoup moins, et les chiffres pour les soumissions d'articles par les femmes sont en chute libre.

En revanche, moins bavarde, une vie ordinaire qui doit être adaptée au jour le jour à l'époque du Covid-19: les femmes en majorité dans les professions de se soucier, en combat rapproché avec les malades, en contact avec les clients des supermarchés ; jongler avec les tâches domestiques qui leur sont principalement confiées (trois repas par jour, sans cantine ni pour les adultes ou les enfants) même s'il y a des progrès dans certaines familles des nouvelles générations, le temps consacré au travail domestique par les femmes reste largement supérieur, et qui fait d'ailleurs l'objet de nombreux litiges, comme l'indique un première enquête IFOP. Les investigations en cours nous permettront de savoir si les tâches pédagogiques prescrites par l'Education Nationale sur le mode d'activisme frénétique étaient préférentiellement réalisées par les mères, mais on sait déjà qu'aux Etats-Unis 80 % de femmes considèrent qu’elles en font plus, même si 50 % d'hommes ne pensent pas. Les femmes qui effectuent le travail de liaison qu'elles effectuent le plus souvent entre les générations par téléphone et par skype … en plus de leur télétravail, ou de leur travail de terrain … Toutes ces femmes qui travaillent pour occuper le monde, recréer l'ordinaire, sont pas encore crédité d'une expertise, d'une connaissance susceptible de réorganiser le monde. L'époque de Covid-19, qui a conduit tant de gens à réaliser ce qu'ils leur doivent (d'où les remerciements qui apparaissent, d'où les applaudissements qui incluent désormais les caissiers et les femmes de ménage même si dès le début c & # 39; est " merci aux soignants ») Paradoxalement met en scène une exacerbation des relations sociales de sexe.

L'enquêteINSERM En cours donnera des chiffres plus précis, espérons-le. Caroline Criado Perez dans Invisible Women: dénoncer les biais de données dans un monde conçu pour les hommes (2019) explique que 29 millions d'articles ont été publiés sur Zika et Ebola, mais moins de 1 % des publications concernaient l'impact sexospécifique de l'épidémie. Allons-nous faire mieux avec le Covid-19 ? Montrer l’importance du travail des femmes dans période de catastrophe, la crise actuelle devrait cependant faire prendre conscience aux hommes du rôle essentiel des femmes dans la production de l'environnement quotidien partout dans le monde, mais aussi des risques que toutes soient exposées à l'invisibilité de leur contribution et au mépris collectif de tous tâches soins et entretien quotidien.

Les métiers ou compétences principalement concernés par la lutte contre Covid-19 dans l'accompagnement au quotidien sont ceux d'infirmières auxiliaires (91 % de femmes), infirmières (87 % de femmes) ou caissiers et vendeurs (76%), activités de prise en charge sociale ou de sécurité d'approvisionnement, sans compter les enseignantes (71 %). Aujourd'hui, même les médecins hospitaliers sont principalement des femmes ainsi que des médecins généralistes et des pharmaciens. La proportion de femmes continue d'augmenter parmi les employés des maisons de retraite et les femmes au foyer (97 %). De nombreux collectifs essentiellement féminins se sont développés pour assurer la fabrication artisanale de masques, spécialité française ; souvent des bénévoles, comme en témoigne l’article Entre les lignes, Entre les mots. Ces femmes sont considérées dans les médias, mais elles sont proportionnées à la valeur accordée au travail des se soucier : toujours décrit de façon anecdotique, dans la section des événements sociaux, secondaire aux batailles des médecins et à l'arbitrage des politiciens. Annabelle, couturière professionnelle, s'indigne: " Pourquoi ne pas avoir payé les couturières ? Il semble qu'encore une fois, nous considérions notre métier comme un hobby du dimanche … Nous semblons oublier que les couturières, comme les aides soignantes, les caissières ou les éboueuses, sont des fonctions essentielles pendant cette crise. Beaucoup de ces professionnels se trouvent cependant dans des situations socio-économiques précaires. L'État aurait pu choisir de les faire travailler et de les soutenir, ne serait-ce que pour honorer leur travail, qui n'est pas accessoire mais nécessaire. "Le travail gratuit attendu des couturières, qui doivent parfois fournir le matériel, fait référence au sexisme latent d'une société où le travail des femmes est par définition libre et généreux, content d'un" Merci "

Ces masques fabriqués (ou ces repas livrés au personnel soignant par des chefs) sont néanmoins significatifs d'une capacité partagée dans le monde ordinaire à saisir rapidement ce qui compte dans la situation actuelle et à mobiliser ses compétences au service des autres. C'est ainsi que les experts de la lutte héroïque contre la pandémie sont perçus quotidiennement et hiérarchisés, et les petites mains qui humanisent les conditions, cherchent à rendre le monde habitable ((4). Les médias, en particulier la télévision, y compris JT a retrouvé tout son pouvoir de transmettre des valeurs, créant ainsi, au profit des dominants, un imaginaire de crise qui maintient fermement les anciennes catégories de pouvoir dans une période mouvante. Marlène Schiappa, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité des genres et de la lutte contre les discriminations, a demandé un rapport avec une analyse multicritères (quantité, temps de parole, heures de diffusion, parti pris sexiste…) de la place des femmes expertes en les médias en général en cette période de confinement et de la crise de Covid-19, ainsi que la place des femmes journalistes. Le résultat s'annonce intéressant. L'effacement des contributions féminines est inscrit jusque dans l'utilisation de la langue, où il serait juste d'étendre le masculin aux professions de plus de 80 ans. % féminisée, comme l'a fait le président dans son dernier discours. Certainement, " le masculin l'emporte sur le féminin ", Mais peut-être que ce rappel est un peu inapproprié. Il est également frappant de constater que les infirmières semblent être plus présentes dans les reportages télévisés ou radiophoniques que les infirmières.

Pendant ce temps, les femmes sont massivement impactées par les conséquences financières de la crise de Covid-19, sachant que l'écart salarial en France est, selon le niveau de salaire, entre 10 % et 25 % avec un temps de travail et un statut égaux. Alors que 8 % d'hommes travaillent à temps partiel, c'est le cas pour 31 % de femmes, ce qui signifie un revenu inférieur à la moyenne. Quel que soit leur statut de travailleur, les 3/4 doivent prendre soin d'eux-mêmes matériellement et mentalement (" charge mentale ») Plein de tâches ménagères pendant environ 3 heures par jour. Notez que les infirmières ne font pas exception. L'une des raisons de leur faible présence médiatique ? Auraient-ils mieux à faire ? Si nous suivons cette logique, ce sont ceux qui auraient le moins à faire qui pourraient se permettre de témoigner … Si nous adoptons la rhétorique déployée au début de l'épidémie de Covid-19 par le président Macron, nous pourrions citer les mots de Joffre, officier général français de la Première Guerre mondiale, qui lance sous forme de blague, en 1915: Si les femmes qui travaillent dans les usines s'arrêtent pendant vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre ! "Malheureusement, la rhétorique de la guerre qui considère les femmes comme une armée de réserve est un moyen de consolider les inégalités entre les sexes: hier, les femmes ont été renvoyées chez elles, aujourd'hui les activités ordinaires de se soucier sont dites dans " troisième ligne ", Sous-évalué et sous-payé ((5). On ne peut être scandalisé, avec la majorité des soignants, pour le mépris que représente la proposition d'une prime de 500 à 1500 euros alors que c'est le montant qui devrait au moins s'ajouter aux salaires mensuellement.

L'ordinaire et le politique

Si les femmes jouent un rôle crucial dans la production d'une sphère domestique, elles jouent un rôle complémentaire et d'accompagnement en temps de crise. Ils maintiennent le fil de la vie ordinaire, mais ils sont dévalués et invisibles, tout comme la vie ordinaire elle-même. Comment mieux comprendre cette relation entre ce que nous rendons visible et ce que nous laissons à l'ombre, que nous rendons invisible ? Si la place des femmes et de leurs paroles est réduite, voire souvent attaquée (nous les ridiculiserons ou les blâmerons très souvent pour les défaillances passées), c'est par leur invisibilité structurelle, due à la confusion encore fréquente entre ce qu'elles font et ce qu'elles sont. , entre un travail qui demande des efforts et des compétences et sa naturalisation dans le registre des aptitudes féminines (disponibilité ou dévouement, aujourd'hui revisité dans la notion rassurante d'empathie). Il s'agit, au-delà de la lamentation, de poser la question ; quelle place est donnée à l'invisibilité au niveau symbolique et à la répartition des valeurs ? Lorsque nous parlons d'invisibilité, c'est souvent pour déplorer une forme de fatalité, pour nous limiter confortablement à l'observation – sans penser à ce qui serait rendu visible, pour rendre justice. Que l'invisible ne se traduise pas si facilement dans le registre visible, nous le ressentons dans l'embarras que nous pouvons ressentir lors du discours d'héroïsation des prestataires ordinaires de se soucier – et pas seulement pour son hypocrisie. C'est tout le paradoxe de l'éthique de se soucier et valoriser l'ordinaire, le discret, le " faible "Toute la difficulté aussi à valoriser économiquement un travail où l'intelligence est mobilisée pour anticiper les besoins, agir avant même qu'ils ne s'expriment, dans un monde devenu propre qui a effacé l'effort d'élimination des salissures, de l'inconfort. Un l'intelligence qui réussit à effacer ses œuvres échoue lorsqu'elle se fait trop sentir, pour ainsi dire: l'attention aux autres ne doit jamais les étouffer avec une sollicitude indiscrète.

Comment alors valoriser une forme de vie insoluble dans la gestion néolibérale ? Comment changer de paradigme ? On peut accepter d'être invisible à condition de ne pas être dévalué par l'être et d'avoir le choix d'être ou de ne pas être, d'avoir le choix de formes sous lesquelles se rendre visible, qui sont souvent des histoires, des narrations qui rentrent dans les détails, en la matière du monde ordinaire, qui cèdent la place à des bifurcations imprévues, des retournements et l'incertitude des affects, à leur inévitable ambiguïté. Renforcer l'ombre dans laquelle les contributions des fournisseurs de se soucier signifierait changer tout un système de valeurs pour ne plus en faire le double sombre de la lumière.

Nous sommes donc dans une ambiguïté: ce travail, réalisé majoritairement par des femmes, est encore, sinon davantage, sous-estimé, au moment même où son importance émerge aux yeux de tous. le se soucier a longtemps été le nom de ce qui a été négligé et méprisé par les politiques publiques, et que c'est le manque d'attention (de se soucier) apportés par les gouvernements de la dernière décennie à tous les secteurs responsables de la prise en charge et de la protection des citoyens (santé d'abord et avant tout, mais aussi éducation, pauvreté, vieillesse, handicap) ce qui rend la lutte contre Covid-19 si difficile. Des manifestations incessantes d'acteurs de la santé, avec des fictions comme Hippocrate – passer en revue les dernières scènes du film, où tout le personnel, enfin uni, exprime sa révolte contre la réduction des moyens, l'aveuglement de l'esprit managérial appliqué aux humains, et le manque de reconnaissance des infirmières auxiliaires et des médecins étrangers – ont exprimé cette profonde injustice, qui montre clairement que le se soucier est avant tout une question d'égalité des citoyens dans la protection que l'État leur doit. La catastrophe sanitaire montre l'injustice des politiques à l'encontre des services publics et (re) place la protection sociale au cœur de préoccupations partagées, dont les preuves inégales de la maximisation des profits financiers l'avaient délogée.

Invisibilité globale

Plus qu’un changement, c’est une prise de conscience inversion des valeurs acceptée depuis des décennies et dénoncée d’emblée par les analyses du se soucier : les métiers les plus authentiques utile sont les moins payés et les moins considérés. Ce qui compte le plus dans notre vie quotidienne, ce qui le rend possible – les soignants, les nettoyeurs, les éboueurs, les caissiers, les livreurs, les camionneurs – est en fait ce qui compte le moins dans l'échelle de valeurs que nous avons collectivement validées. Il ne s'agit pas seulement des multiples injustices structurelles que l'épidémie a mises en lumière, entre ceux qui sont dans le confort des résidences secondaires et ceux qui sont au travail ou surpeuplés. C’est l’ignorance de toute une société de ce qui la rend faire vivre, quotidiennement ou en cas d'urgence du risque de décès.

Si cette révélation morale est possible, c'est précisément par la situation (sans précédent pour beaucoup des générations actuelles) de catastrophe, qui révèle des vulnérabilités radicales – là aussi le fondement de l'éthique de la se soucier. Vulnérabilité des personnes, des institutions et menace pour Forme de vie humain, compris, pour utiliser une distinction avec le philosophe Stanley Cavell, comme horizontale (sociale, dans des liens recomposés) et verticale (biologique, comme une espèce mondialisée et menacée) ((6). le se soucier n'est jamais aussi visible que dans ces situations où c'est la forme de vie, la vie " Ordinaire Ce qui est secoué comme dans ces films catastrophiques qui ouvrent sur une description troublante de la vie quotidienne.

Cette crise pourrait révéler un ensemble de talents, de compétences, de savoir-faire et de modes d'intervention dans le monde qui vont au-delà de ce que l'on peut voir de France et de la vision étroite de l'eurocentrisme. Une vision radicale de se soucier obligé de voir toute la vie des privilégiés entretenue par une activité produite par les dominés, mais aussi par le siphonnage des ressources du Sud qui assurent le maintien de la vie et le niveau de vie des riches des sociétés , à commencer par l’exploitation des migrations féminines au service des se soucier " en service Qui peut être délégué et acheté dans le Nord. Ce travail reste délimité par tout ce dont les plus privilégiés ne s'occupent pas, en résumé » le sale boulot "Ce qui revient à" autre "Qu'elles soient fournies dans le domaine domestique, par des institutions publiques ou par le marché, se soucier est produite à faible coût par des femmes dont les positions sociales sont le plus souvent précaires, ou même exclues de la nationalité du pays où elles exercent. Avec le " fuite de se soucier "Des pays pauvres aux riches, nous touchons à la limite de la belle rhétorique sur la valorisation et l'héroïsme des travailleuses se soucier. Parce que ce travail, personne qui peut l'éviter ne souhaite le faire positivement. Peu de gens se sont portés volontaires pour nettoyer les hôpitaux (il y en a).

Cette épidémie, nous l'avions annoncé au départ, n'est ni la première ni la dernière du siècle. Comment sortirons-nous collectivement de celui-ci et aborderons-nous le prochain ? Je me demande déjà qui est nous. L'épidémie est mondiale et chacun dépend des autres pour s'en sortir. Ensuite, en faisant le lien entre crise écologique et épidémie. Non seulement parce que la pollution de l'environnement, comme nous le savons, a affaibli les populations des zones les plus touchées par le virus. Mais aussi parce que c'est la même invisibilité qui affecte les femmes et l'environnement, et la même négation de ce qui nous permet de vivre. La majeure partie de la crise écologique est associée aux modes de vie qui consomment trop la nature et l'épuisement des ressources. Pourtant, les mesures de protection de la nature ont tout d'abord concerné des espèces et des espaces extraordinaires avant d'atteindre les populations (et d'ailleurs, souvent par des injonctions concernant leur mode de vie – et donc envers les femmes). L'environnement ordinaire a souvent été disqualifié dans les politiques environnementales, sous prétexte que cet environnement quotidien était souvent urbain. La nature est souvent considérée sous l'angle de la nature comme à préserver (ou à redécouvrir, comme les récits ivres en période de confinement inévitablement intitulés " La nature reprend ses droits "Où l'on nous montre des animaux dans des rues abandonnées par l'homme), et jamais d'un point de vue se soucier de l'environnement tous les jours.

Nous oublions les services rendus par la nature ou les avantages que les humains tirent des écosystèmes, appelés " services de l'écosystème "L'évaluation de ceux-ci est souvent effectuée sans tenir compte des inégalités entre les sexes. Cependant, il est important de souligner la dimension de genre dans la perception et l'utilisation des services écosystémiques pour plusieurs raisons. Les rôles de l'approvisionnement et donc de la collecte de l'eau, du bois et autres les femmes et les femmes jouent un rôle important dans l'agriculture et effectuent la plupart des soins non rémunérés et des travaux ménagers, tels que la collecte de l'eau et du bois de chauffage, la nourriture le traitement, la cuisine et les soins aux enfants, aux personnes âgées et aux malades. Si les femmes n'ont pas accès à ces services à proximité, ces tâches nécessitent encore plus de temps et d'efforts. Les femmes ont moins d'accès légal et politique à la gestion de l'environnement ((7) et souvent moins instruits, ils sont considérés comme moins capables de prendre de bonnes décisions les concernant. Bref, les dégradations qui affectent l'environnement ordinaire et les " prestations de service Les retours de nature contribuent mécaniquement à affecter plus important encore les femmes. Une des manières de solidifier cette hypothèse est certainement de désagréger les données et de voir comment les choix opérés en matière d'environnement et de préservation dépendent des situations socio-économiques et culturelles. Ce ne sont pas seulement les activités de prise en charge et PAR l'environnement échappé, mais plus largement les dimensions de l'environnement pertinentes pour l'activité des femmes ((8). Environnementalisme populaire, composée d'innovations et de mobilisations intégrées dans la production de l'environnement, est le fait des femmes dont le rôle est crucial dans ce domaine domestique étendu à l'environnement ((9). Les collectifs formels et informels qui participent à la protection de l'environnement local et des services écosystémiques, que ce soit dans les actions locales contre la pollution ou dans les mouvements contre les grands projets urbains, sont largement féminisés et moins visibles que le sauvetage d'une biodiversité extraordinaire, d'espèces et d'espaces rares, qui au contraire offrir de nouveaux terrains d'aventure à une population majoritairement masculine, loin du quotidien.

Déni de service

Joan Tronto envisage immédiatement une extension de l'éthique de se soucier au-delà de l'humain: " Nous incluons la possibilité que le soin s'applique non seulement aux autres, mais aussi aux objets et à l'environnement. " L'idée de se soucier environnement ((dix), le soin apporté à l'environnement, repose sur le constat que l'environnement fait l'objet deattentions ce qui peut être envisagé à partir de l'éthique des soins. Le concept d'attention, au sens très matériel de Prendre soin, peut être appliquée à des attitudes et pratiques très diverses de prise en compte de l'environnement: comportement individuel ou collectif respectueux de l'environnement (tri des déchets, calcul et limitation de son empreinte carbone, achats alimentaires, circuits courts, consommation d'énergie, matériaux, consommateur des biens …). Ce sont ces gestes qui sont, par la nature des choses, en pratique aujourd'hui. Les itinéraires techniques et l'acquisition de connaissances en agroécologie ou peuvent être analysés de cette manière:observation précis et attentif aux phénomènes, l'attention portée aux dispositions des cultures dans l'espace et dans le temps forme les bases de ce type d'agriculture. Plus généralement, l'aménagement du territoire écologique et local (urbanisme, architecture, aménagement paysager, etc.) peut être lu comme appartenant à une forme de se soucier avec la volonté de prêter attention à l'espace proche comme au macrocosme planétaire. Alors que le mouvement environnemental s'est principalement concentré sur les espaces et les espèces emblématiques, les femmes du monde entier sont confrontées à la protection de cet environnement ordinaire ((11). Mépris global pour les activités de se soucier a ainsi conduit à une incomplétude de la conception libérale de la morale et de la justice, cette dernière étant condamnée à poser une hétérogénéité problématique entre la société dans sa dimension morale et ce qui la perpétue.

La véritable urgence sera de renverser ce déni de " prestations de service Et des décennies qui ont ignoré et gaspillé les ressources naturelles et humaines qui transportent l'humanité. La recherche sur le rôle des femmes dans le travail agricole, dans la gestion des ressources ou de la biodiversité, dans la préservation de la vie quotidienne sont autant de voies pour clarifier les enjeux de justice liés aux transitions socio-écologiques, techniques et économiques et percevoir les limites d'un concept de développement essentiellement orienté vers la préservation des modes de vie du Nord basé sur la surexploitation des milieux naturels… et des populations du Sud. Toutes les études menées montrent que leresponsabilisation des femmes contribue à la sécurité alimentaire et à une gestion responsable, sinon durable, des terres. Pour cela, le défi est une fois de plus de lutter contre l'invisibilité du travail des se soucier et soutenir la représentation des femmes dans les organes de décision à tous les niveaux en cas de catastrophe.

D'autant plus que de nombreux rapports et travaux montrent qu'en raison de leur place dans la gestion des environnements ordinaires, les femmes sont souvent les plus susceptibles d'être durement touchées en cas de catastrophe naturelle. Par exemple, l'ouragan Katrina, qui a dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005, a principalement touché les femmes afro-américaines et leurs enfants. Plus de 70 % des personnes décédées lors du tsunami asiatique de 2004 étaient des femmes. Au Sri Lanka, il était plus facile pour les hommes de survivre au tsunami de 2004 car ils avaient l'avantage de savoir nager et grimper aux arbres, des compétences qui ne sont enseignées qu'aux garçons. En ce qui concerne l'adaptation au changement climatique, l'augmentation des sécheresses et des pénuries d'eau affectera principalement les femmes qui sont les principales collectrices, utilisatrices et gestionnaires de l'eau dans les pays pauvres. Enfin, la perte de moyens de subsistance est synonyme d'augmentation de la violence sexiste ((12), question brûlante aujourd'hui. Aujourd'hui, la maladie frappe la plupart des hommes, mais les femmes sont et seront les premières victimes de la pauvreté – massive et aussi meurtrière, selon toutes les prévisions, que la maladie.

Donc, penser au-delà de la crise, ce n'est pas penser après (avec les hommes), c'est penser avec toute la société et en particulier ceux qui la soutiennent. La révélation des inégalités entre les sexes et le travail des se soucier La crise de Covid dans le Nord fait partie intégrante de la longue liste des inégalités mondiales entre les sexes qui sont exacerbées en cas de catastrophe. En somme, la crise actuelle est riche d’enseignements quant au prix en compte des risques à venir, et quant à la signification de l’invisibilité des femmes et à ses conséquences pour les crises à venir.

Le souci des autres, la responsabilité, c'est bien la valeur qui se révèle aujourd’hui comme première, contre le cours au profit ou l’exploitation des ressources de la planète. le se soucier a longtemps été considéré (et déconsidéré souvent, comme en témoignent de rituelles moqueries) comme le souci du proche, de la famille nucléaire, avec comme modèle le lien mère-enfant. On aura désormais compris, au prix du désastre actuel, aurait été un travail, qui a tenu le monde et notamment celui des « privilégiés " ((13). Et « en même temps », Qui s’étonnera que la valorisation du se soucier en situation de catastrophe, et cette responsabilité collectivement assumée, sont effacées immédiatement par des discours politiques qui visent à toujours réserver la parole et le pouvoir à ceux qui sont largement responsables de la gravité de la situation mais veulent continuer à bénéficier de leur position. Dans Parasite, le beau film coréen de Bong Joon Ho, les parasites ne sont finalement pas les pauvres qui vivotent dans les sous-sols ou tentent de tirer leur épingle du jeu au service des privilégiés ; le génie du film est de nous faire comprendre que ce sont les privilégiés eux-mêmes qui vivent au dépens et au détriment de la société entière. Il serait paradoxal que la crise du Covid-19 nous fasse oublier la leçon de la palme de Cannes – et du premier Oscar non occidental.