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l’autonomie alimentaire, même en hiver

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l’autonomie alimentaire, même en hiver

En ces temps où vous devez limiter les contacts avec le monde extérieur, cultiver vos propres légumes est un atout. Mais c'est aussi un défi majeur en hiver au Québec. Un défi relevé, à quelques exceptions près, par Martin Lapierre.


Jean-Thomas LéveilléJean-Thomas Léveillé
La presse

"Mon garde-manger, c'est tout", s'exclame fièrement Martin Lapierre, ouvrant la porte d'une petite pièce de son sous-sol, d'où jaillit une lumière éblouissante.

Bette à carde, oignons verts, laitue, haricots, chou friséchou frisé), les herbes et même les concombres poussent dans de grands tuyaux, fixés au mur, dans lesquels circulent l'eau et les nutriments, tandis que les plants de tomates, qui poussent dans des seaux posés au sol, montent jusqu'au plafond.

À travers la fenêtre, on ne voit presque rien d'autre que le tas de neige qui a résisté à cette vague de chaleur au début du mois de mars.

Ce potager intérieur est presque entièrement suffisant pour les besoins de la famille de deux adultes et deux enfants.

"On ne va plus vraiment dans la section légumes (sauf à l'épicerie)", sauf pour les légumes-racines, comme les pommes de terre ou les carottes, loue Martin Lapierre.

Aussi loin qu'il se souvienne, l'ébéniste a toujours jardiné, de Montréal à Rimouski, à Val-Morin, dans les Laurentides, où il habite depuis une quinzaine d'années.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Au-dessus d'un bassin de 800 litres, Martin Lapierre a installé un plateau de boules d'argile qui filtrent l'eau en retenant les nutriments qui poussent d'autres légumes, comme la citronnelle, le gingembre et les herbes.

En été, nous avons trois mois au maximum; ça ne prend pas longtemps ici dans le Nord.

Martin Lapierre

Afin d'étirer sa saison de jardinage, en 2016, il a commencé à cultiver des légumes dans une armoire, avec un éclairage artificiel, mais cela ne suffisait plus.

En décembre dernier, il a construit une salle entière pour permettre à son potager de s'agrandir, ce qui lui a permis d'ajouter une composante aquaponique.

Au-dessus d'une piscine de 800 litres où nagent les tilapias, il a installé un plateau de boules d'argile qui filtrent l'eau en retenant les nutriments qui poussent d'autres légumes, comme la citronnelle, le gingembre et les herbes.

"Ce sont les poissons qui font le boulot", s'exclame Martin Lapierre. Quand ils sont bien nourris, l'équilibre est atteint. "

Ces poissons finiront également dans l'assiette, augmentant ainsi l'autonomie alimentaire de la famille.

"C'est plus que local, c'est directement chez vous!", Dit-il.

Simple et abordable

Le jardinage intérieur est simple et abordable, explique Martin Lapierre.

Tant que vous ne voulez pas l'imiter!

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le jardinage intérieur est simple et abordable, explique Martin Lapierre.

"Là, je mets le colis", acquiesce-t-il en regardant son installation, qui lui a coûté près de 5 000 $, y compris l'aménagement et le scellement de la pièce.

Il existe différentes techniques de culture hydroponique; les plus simples ne nécessitent que quelques dizaines de dollars d'équipement, tandis que les plus sophistiqués nécessitent un investissement de quelques centaines de dollars, notamment pour l'éclairage artificiel.

Premier conseil de Martin Lapierre: "se spécialiser" avec un certain type de plante et surtout ne pas tout essayer en même temps.

"Concentrez-vous sur les herbes, les laitues", dit-il, suggérant de commencer par le basilic, une plante idéale pour commencer.

Ce n'est pas sorcier, tout le monde peut l'apprendre.

Martin Lapierre

Les insectes ravageurs sont beaucoup plus rares à l'intérieur et peuvent être facilement tués en plongeant brièvement les plantes dans de l'eau savonneuse, dit-il.

En l'absence d'insectes pollinisateurs, certains légumes, comme les concombres, doivent être pollinisés manuellement.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

En l'absence d'insectes pollinisateurs, certains légumes, comme les concombres, doivent être pollinisés manuellement. Il suffit d'un simple petit pinceau pour plonger délicatement dans une fleur mâle, puis dans une fleur femelle.

Rien de plus simple, dit-il, en montrant la technique qu'il utilise, avec un simple petit pinceau qu'il plonge délicatement dans une fleur mâle, puis dans une fleur femelle.

Écoles et panneaux solaires

Martin Lapierre s'amuse tellement avec son potager qu'il a quasiment abandonné l'ébénisterie pour démarrer son entreprise de jardinage intérieur qui propose notamment des formations aux personnes intéressées.

Et les idées ne manquent pas.

Il rêve, par exemple, de voir des écoles avoir des jardins intérieurs.

"A la cafétéria, les enfants peuvent manger ce qu'ils font", s'imagine-t-il.

Il aimerait également que les communautés du Nord puissent produire leurs propres légumes, qui viennent généralement de loin et sont vendus à des prix élevés.

"Pourquoi ne pas mettre cela en place au Nunavut?", Dit-il.

Il poursuit également ses recherches visant à trouver une espèce de poisson indigène pour son bassin aquaponique, au lieu du tilapia; la truite ne convient pas, mais la perche jaune pourrait s'avérer une solution intéressante.

En attendant, il travaille sur un autre projet: installer des panneaux solaires pour alimenter son potager intérieur en énergie, à l'exception du chauffage de la pièce.

L'éclairage, les pompes, l'extracteur d'air et le ventilateur seraient alimentés par l'énergie solaire.

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