L’air est-il plus pur grâce au confinement ?
Rues vides, voitures dans le garage, industries au ralenti … Avec une France entière à l'arrêt pendant une semaine, l'intuition domine: la qualité de l'air s'est améliorée à de nouveaux niveaux. Malheureusement, même après une semaine de détention, ce n'est pas si simple. Les concentrations des principaux polluants sont bien entendu plus faibles que prévu … mais pas non plus à des niveaux records.
"Quand on parle de pollution causée par la voiture, on parle principalement de dioxyde d'azote, un gaz irritant qui fragilise le système respiratoire et se concentre principalement à proximité des routes", explique Marie-Pierre Vagnot, ingénieur environnement chez Atmo Auvergne- Rhône-Alpes . Lorsque l'on observe la concentration de ce gaz à proximité des grands axes de circulation, la baisse est significative. Atmo AURA, dans un communiqué de presse, précise également qu'entre deux jours avec des conditions météorologiques comparables, les 11 et 18 mars, le dioxyde d'azote a diminué de 45% près des axes urbains de Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand. Une goutte que vous pouvez voir sur la carte ci-dessous.
Alors, est-ce la preuve que le confinement réduit la pollution? Indéniablement, mais Marie-Pierre Vagnot tempère quelque peu l'observation: "Le dioxyde d'azote est un polluant hivernal et sa concentration diminue de toute façon avec l'arrivée du beau temps".
Et les particules fines?
Quant aux particules les plus fines et les plus dangereuses, le début du confinement n'a pas suffi à faire baisser la courbe en de nombreux endroits de la région. À Grenoble, Crolles, Lyon, Valence et Chambéry, il y a même une augmentation, comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous.
Concentration de fines particules (2,5 microns) dans l'air.
Parce qu'avec la pollution de l'air, tout est compliqué. Même si les émissions de polluants diminuent, le temps peut tout gâcher et empêcher les concentrations atmosphériques de chuter.
Et pour ajouter un peu de complexité, les particules fines sont loin d'être issues uniquement des tuyaux d'échappement: chauffage, industries, agriculture, les vents sahariens sont des émetteurs connus. Sans compter un phénomène de recirculation, des particules déposées au sol dans le passé et qui sont réémises dans l'air lors de rafales de vent.
"Actuellement, nous subissons une forte pression sur la région, contextualise Marie-Pierre Vagnot. Cela signifie que l'air est moins agité, et que la pollution a tendance à stagner". Ainsi, même si les courbes ne sont pas très spectaculaires, il y a une amélioration relative en tenant compte de ce paramètre. "La concentration de ces particules aurait dû être plus élevée en temps normal", juge le scientifique.
L'ozone sous surveillance cet été
Mais le polluant que les spécialistes surveilleront particulièrement dans les prochains mois est l'ozone. Ce gaz très irritant se forme principalement entre mai et août lorsque les oxydes d'azote interagissent avec d'autres polluants et composés dans l'atmosphère sous l'influence des rayons UV du soleil d'été.
"Ces dernières années, l'ozone est toujours en dépassement réglementaire, en augmentation à cause des étés très chauds, rappelle Marie-Pierre Vagnot. Donc, si cette année, nous avons un été chaud mais les restrictions continuent, il sera très intéressant pour nous de regarder . "
Difficile en effet d'estimer la part de l'activité humaine dans ces pics de pollution par l'ozone. Mais si la situation continue, il se pourrait bien que les ingénieurs d'Atmo trouvent des réponses à cette question.