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Gestion de l’épidémie de Covid-19 par les entreprises de services énergétiques

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Gestion de l’épidémie de Covid-19 par les entreprises de services énergétiques

Cette note fait suite à une demande reçue de la commission des affaires économiques du Sénat d’évaluer l’impact de l’épidémie sur la politique énergétique. Vous y trouverez donc des éléments sur la continuité des services énergétiques ainsi que les premiers retours d'expérience sur les conséquences techniques et contractuelles au sein des différents secteurs représentés au sein de la Fedene (Centrales de cogénération alimentées en gaz ou biomasse, Chaudières biomasse, Efficacité énergétique, Bureaux d'études, Ménage unités d'incinération des déchets à des fins énergétiques, Facility management (FM))

I. Éléments sur la continuité de la fourniture de services énergétiques

- Toutes les fonctions de support ont été mises en télétravail.

  • 25% des salariés (managers et non managers) du secteur sont concernés.
  • Les systèmes utilisés sont très divers: licenciement, chômage partiel, chômage technique, soutien à domicile, RTT, congés payés, etc.

- Les opérations de maintenance impérative d'urgence ou curative (listées en annexe) qui ne peuvent être différées ont été maintenues.

  • La continuité est assurée dans le respect des conditions d'hygiène et de sécurité et des gestes barrières. Les modes de fonctionnement et de déplacement ont été adoptés dans ce sens.

- L'obligation de continuité des services fournis par les sociétés de services énergétiques est apparue immédiatement évidente pour les situations sensibles ou les sites stratégiques, notamment pour l'accès à:

    • les installations des hôpitaux, des cliniques, des établissements de santé, des maisons de soins infirmiers …;
    • installations de bâtiments publics «stratégiques» (ministères, mairies, établissements pénitentiaires, etc.);
    • installations de vente au détail et centres de données essentiels;
    • installations de combustion et d'incinération des déchets ((1) ;
    • chaufferies, chaudières, sous-stations de réseaux de chauffage ou de refroidissement au pied du bâtiment, ou même pour l'accès à l'eau, au gaz, à la vapeur, aux vannes à fioul et aux équipements électriques;

- Dans le même temps, FEDENE a identifié et communiqué aux pouvoirs publics une liste indicative de sous-traitants stratégiques.

  • Entreprises de sécurité industrielle, de désinfection et de nettoyage, prestataires et fournisseurs d'équipements d'analyse physico-chimique (installateurs, laboratoires, etc.), prestataires de services de tuyauterie et chaudronnerie, prestataires de services d'automatisation, fournisseurs d'intrants nécessaires au traitement des émissions (acide, soude, sel , réactifs chimiques, charbon actif, etc.), fournisseurs et transporteurs de carburants (biomasse, fioul domestique, etc.), transporteurs REFIOM ((2), travaux publics et entreprises de génie civil (pour d'éventuelles fuites dans les réseaux enterrés).

- Pour permettre la continuité de ces activités, les membres de la FEDENE utilisent le formulaire standard de preuve professionnelle ((3) prévu par le ministère de l'Intérieur, accompagné d'un certificat de la fédération qui confirme le caractère urgent ou sensible de l'intervention.

  • Sur le terrain: aucune difficulté constatée, à l'exception de quelques cas de blocages par la police de techniciens effectuant des opérations de maintenance d'urgence ou curative qui ne peuvent être reportés. 21 cas identifiés dans 9 départements le 18 mars (enquête SYNASAV auprès de 123 membres).

- Sur la question des équipements de protection de la santé (EPI):

  • Bien qu'il n'y ait pas de tensions majeures à ce stade, la question reste critique.
  • En effet, les sociétés FEDENE ont commandé masques, gants, gel et lingettes (etc.) auprès de leurs fournisseurs habituels. S'ils sont en attente de livraison, la crainte reste grande quant à leur capacité à exécuter ces commandes, notamment sur les masques FFP3 (35% des besoins).
  • Cependant, en dehors de tout contexte de crise sanitaire, le port du masque "FFP" est déjà une nécessité impérative pour le travail dans certaines situations ou installations comme dans les chaudières à biomasse (bois énergie), dans la maintenance des centrales de traitement d'air ou sur les équipements qui peut comprendre des fibres d'amiante. Besoins commerciaux correspondant à 90% des besoins

II. Premier retour d'expérience sur les conséquences techniques et contractuelles

Si les conséquences économiques de l'épidémie de Covid-19 sont difficiles à mesurer à ce stade, FEDENE souhaite attirer votre attention sur ses conséquences techniques et contractuelles. Ils soulèvent un certain nombre d'alertes et de questions dans le secteur, et donc des inquiétudes, car ils conditionneront (à terme) l'impact économique de la crise sanitaire.

De manière générale, les sociétés de services énergétiques souhaitent alerter les pouvoirs publics sur le risque de non-respect des délais de validité des autorisations, des visites générales périodiques obligatoires, voire des certifications. C'est pourquoi ils demandent une extension …

- de validité des diplômes et certification de construction (RGE, Qualibat, Qualigaz …)

- de la validité de la formation obligatoire / autorisations expirant (autorisations électriques, TST ((4), CACES (Certificat d'aptitude à conduire en toute sécurité)) …) ou leur renouvellement sans délai par la formation à distance afin d'éviter le surpeuplement des centres de formation en fin de crise sanitaire;

- certifications (ISO en particulier) des entreprises arrivant à maturité;

- contrôles périodiques réglementaires obligatoires (électricité, cuves sous pression, pont bascule, chaudières décennales, matériel de levage, matériel hydraulique, etc.).

À tout le moins, la FEDENE demande la prolongation de la validité des agréments énumérés ci-dessus jusqu'au 31 décembre 2020 afin d'éviter le surpeuplement des demandes d'audits, la reconversion des formations, le renouvellement des qualifications après la crise sanitaire et l'état d'urgence.

Par ailleurs, si la chaleur représente 42,5% de la consommation finale d'énergie en France et que les objectifs nationaux ne sont pas atteints, les projets de production de chaleur renouvelable et de réseaux de chaleur urbains et industriels en subissent les conséquences directes telles que la suspension des activités non impératives, la suspension ou report des appels à projets ADEME et appels d'offres CRE Bois conduits par la DGEC. De même, les décisions du gouvernement local sont reportées en raison du report de l'installation des conseils municipaux élus.

Nos retours sur les secteurs représentés au sein de FEDENE

Centrales de cogénération alimentées en gaz ou en biomasse

L'industrie fait face à la fermeture de dissipateurs de chaleur en raison de la fermeture de plusieurs sites industriels.

Donc :

- Même temporaires, ces fermetures peuvent avoir de graves conséquences économiques du fait des obligations inhérentes aux contrats d'obligation d'achat ou des compensations supplémentaires (mises en place avec Conseil Chauffage OA ((5)) qui régissent les installations de cogénération.

- L'industrie demande donc la possibilité de "neutraliser" la disponibilité électrique et les clauses PE des contrats d'achat et des rémunérations supplémentaires pendant la période de confinement.

- De plus, pour les installations fournies avec:

  • gaz, nous demandons la suspension des obligations liées aux engagements dans les contrats de fourniture de gaz naturel.
  • biomasse, nous demandons la suspension des clauses contractuelles liées à l'efficacité énergétique, à la mise en service «équivalent pleine puissance» et à la limite liée à la consommation d'énergie non renouvelable (CRE2).

Chaudières à biomasse

Certaines chaufferies pourraient être fermées (y compris les installations nécessaires à la production de chaleur pour le chauffage urbain) en raison:

- arrêt des dissipateurs thermiques, notamment industriels et tertiaires ((6) ;

- la nécessité de confiner le personnel ou de retirer les techniciens ((sept) ;

- la réduction des équipes disponibles, pouvant être affectées à des sites ou installations prioritaires.

Ces jugements peuvent entraîner un non-respect des engagements contractuels ou conventionnels en matière de mix énergétique, tant vis-à-vis des pouvoirs adjudicateurs ou des particuliers que de l'ADEME. Les conséquences de ces périodes d'arrêt, qui peuvent s'étendre au-delà, doivent être prises en compte.

Efficacité énergétique

L'impact de la crise apparaît d'abord sur les CEE ((8), avec la réduction de la caution CEE due à la suspension ou à l'arrêt de projets d'économie d'énergie (en raison de l'arrêt de très nombreux sites faute de techniciens ou d'accès aux sites d'intervention).

Cette situation a des conséquences pour:

- Les procédures de classement des dossiers;

  • La solution recommandée par FEDENE: prolongation de 6 mois du délai de dépôt pour les opérations réalisées entre le 1er mars 2019 et le 30 juin 2020.

- Les procédures de transfert des CEE (transactions dans le registre);

  • La solution recommandée par FEDENE: assouplissement des règles de l'ordre de virement, avec autorisation d'une version numérique.

- Tension sur le marché des CEE liée à la difficulté à atteindre les obligations.

  • Les solutions préconisées par la FEDENE: instauration d'un délai "blanc" réclamé par les obligés et réduction de l'obligation CEE à 6 mois d'obligation de la quatrième période (y compris pour la chaleur).

- La capacité du PNCEE ((9) pour traiter les demandes (en raison d'un manque de personnel).

Bureaux d'études

Dans le domaine de l'ingénierie de projets énergie & déchets:

- Tous les employés font du télétravail

- Les bureaux d'études n'ont que 10 jours d'activité devant eux;

- Cessation de l'assistance au maître d'ouvrage en raison de la suspension des chantiers de construction par les autorités locales;

- Missions d'assistance à la maîtrise d'ouvrage (les mesures de performance d'efficacité énergétique sont impossibles dans les bâtiments résidentiels et tertiaires en rénovation)

Unités d'incinération des déchets ménagers à des fins énergétiques

Les unités de valorisation énergétique (UVE) doivent être considérées comme une activité essentielle (service public de traitement des déchets) pour lutter contre l'épidémie (assainissement) et assurer l'élimination des déchets. En tant que tels, ils doivent avoir la priorité; tant pour leur personnel que pour leur approvisionnement ou pour l'intervention de sous-traitants sur site (laboratoires et organismes de contrôle, sous-traitants pour la maintenance nécessaire à la continuité de l'activité …).

Plusieurs difficultés à fort impact potentiel pourraient apparaître à court terme :

- Livraisons de déchets et enlèvement des résidus de traitement;

- Livraisons de consommables indispensables au fonctionnement de ces installations (réactifs pour le traitement des fumées et effluents liquides, eau de chaudière, combustibles brûleurs, diesel pour véhicules, etc.);

- La nécessité de prolonger les jours et heures d'ouverture de la réception des établissements recevant des déchets d'activités de santé à risques infectieux;

- Le report nécessaire des contrôles techniques réglementaires (électricité, cuves sous pression, pont bascule, chaudières décennales …) a expiré et est prévu pendant cette période de crise;

- Le report nécessaire des contrôles et analyses environnementaux réglementaires (fumées, rejets liquides, cendres de fond, QAL2 / AST, …) en cas d'indisponibilité des bureaux de contrôle et / ou laboratoires d'analyses.

- La capacité de l'inspection du travail à accorder des dérogations.

  • En effet, en cas de tension sur la disponibilité du personnel d'exploitation et / ou de maintenance sur un site (problème de transport, maladie, etc.), il devrait être possible d'obtenir rapidement une dérogation sur la prolongation de la durée légale journalière du personnel présent.

- Risques de dépassement des limites de capacité administrative (flux et / ou tonnage journalier).

Par ailleurs, la campagne de mesure des émissions de mercure de ces unités est suspendue compte tenu du fait que les activités qui y sont liées (ruptures d'échantillonnage, échantillonnage et analyse par des laboratoires accrédités COFRAC impérativement, déplacements pour des fournisseurs européens, etc.) sont impossibles à réaliser ou peuvent être reporté. Sur ce point, l'industrie demande à l'Ademe de prendre en compte cette situation et de prolonger la validité des accords de partenariat (avec un éventuel report des paiements en 2021).

Gestion des installations (FM)

Les entreprises du secteur rencontrent de nombreuses difficultés pour mettre en œuvre le régime de chômage partiel. En effet :

- La DIRECCTE refuse leur attention étant donné que l'activité concernée ne fait pas partie des activités interdites pendant cette période de confinement et qu'elles ne sont donc pas suspendues.

– Cependant, cette interprétation erronée de la part des services de l'Etat ne prend pas en compte la situation concrète des sociétés de gestion des installations: leurs salariés sont arrêtés en raison de la décision unilatérale de leurs clients qui ferment leurs sites (bureaux, usines … ).

Cela peut avoir des conséquences économiques importantes, car nos membres peuvent avoir à prendre en charge tous les arrêts de travail ou l'entretien ménager de leurs employés, même lorsque l'exécution de leurs contrats est suspendue et qu'ils n'ont donc pas de recettes .

De plus, des astreintes sont parfois demandées par les mandants, qui faussent en même temps la relation commerciale et la facturation jointe.

ANNEXE

Liste des interventions d'urgence ou impératives des sociétés de services énergétiques

Production et distribution de vapeur et d'air conditionné :

- Gestion et maintenance technique curative des installations de combustion, d'incinération et de méthanisation

  • Chaufferies, chaudières …

- Exploitation et maintenance technique curative d'une installation de production de chaleur

  • Cogénération, chaudières à bois, installations géothermiques, récupération de chaleur industrielle, installations solaires …

- Contrôle et maintenance technique curative des réseaux de chaleur et de froid

- Gestion et maintenance technique curative d'une installation de traitement des déchets:

  • Installations d'incinération des déchets ménagers, digestion anaérobie

Travaux sur les installations d'équipements thermiques et de climatisation, ainsi que sur les installations électriques dans tous les locaux :

- Exploitation et maintenance technique curative d'une installation de production à froid

  • Groupes froids, thermo-frigo-pompe …

- Conduite, maintenance technique curative et dépannage des systèmes de chauffage et de climatisation, climatisation et traitement et ventilation

- Maintenance technique curative de bâtiments résidentiels, tertiaires et industriels.

Traitement et élimination des déchets non dangereux avec récupération d'énergie :

- Exploitation et maintenance technique d'une usine d'incinération des déchets ménagers (UIOM) et digestion anaérobie

Autre :

- Production d'électricité

- Collecte, traitement et distribution d'eau

Remarque

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FEDENE en quelques mots

Brochure institutionnelle FEDENE

La Fédération des Services de l'Energie et de l'Environnement, regroupe plus de 500 entreprises de toutes tailles, 60 000 salariés pour un chiffre d'affaires de 11 milliards d'euros, dont la moitié en France. Il rassemble sept syndicats professionnels réunissant des entreprises exploitant et entretenant des équipements de chauffage et de climatisation, gérant des réseaux de chauffage et de refroidissement, récupérant l'énergie des déchets, des services d'efficacité énergétique, la gestion des installations et l'ingénierie de projet.


MISSIONS ET DÉFIS

ACTEUR MAJEUR DANS LES DOMAINES D'EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE ET D'ÉNERGIES THERMIQUES RENOUVELABLES, la Fédération a pour mission de faciliter le développement des professions de ses membres et de promouvoir l'image de la profession.

Il regroupe, au travers de 7 syndicats professionnels spécialisés par métier, 500 sociétés de services axées sur l'efficacité énergétique, la performance des bâtiments, la production et la récupération de chaleur renouvelable et récupérée ainsi que le multiservice immobilier (Facility Management). Dans une logique de secteur amont-aval, FEDENE a intégré depuis 2019, un septième syndicat, le SN2E, qui regroupe des bureaux d'études spécialisés dans l'ingénierie des déchets et de l'énergie.

Ces services répondent à deux enjeux majeurs de la transition énergétique:

- économies d'énergie dans les bâtiments résidentiels, tertiaires et industriels;

- Le développement des énergies renouvelables et de la récupération de chaleur pour répondre aux besoins en chaleur.

Les membres de FEDENE proposent des solutions globales basées sur de réels engagements de performance à long terme. Ces services vont de la conception / production à l'exploitation et aux relations avec le client final.

FEDENE est membre de l'EFIEES (Fédération Européenne des Services d'Efficacité Énergétique Intelligente)

PRIORISER ET RENFORCER LES EFFORTS SUR DEUX DÉFIS MAJEURS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Après un long processus de maturation initié par le Grenelle de l'environnement, la loi de transition énergétique adoptée en 2015, puis la programmation énergétique pluriannuelle (EPP) publiée en 2016, ont clairement défini les enjeux et ambitions et fixé des objectifs de politique énergétique. Pour les atteindre, tout en favorisant la croissance économique, les entreprises réunies au sein de la FEDENE se mobilisent sur le terrain pour mettre en place des projets d'économie d'énergie, de chaleur renouvelable, de réseaux de chaleur. Cependant, ces objectifs ne peuvent être atteints que si nous intensifions nos efforts sur deux enjeux majeurs: les ÉCONOMIES D'ÉNERGIE et la CHALEUR RENOUVELABLE.