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face au confinement, les funérailles et le deuil chamboulés

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face au confinement, les funérailles et le deuil chamboulés

Le confinement n'épargne pas les funérailles. Jusqu'à nouvel ordre, les enterrements et les incinérations devraient être limités au premier cercle familial. Face à ces règles, les directeurs de funérailles, les représentants religieux et les familles s'adaptent du mieux qu'ils peuvent.

Josette * est décédée il y a une semaine à Marseille. Elle voulait être enterrée dans son village natal, en Corse. Son cercueil est parti deux jours plus tard, seul, par le dernier bateau reliant le continent à Ajaccio. "Sans nous, ses enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et arrière-arrière-petite-fille", écrit Camille * à franceinfo. "Nous avons appelé l'agence régionale de la santé qui nous a fortement déconseillé de venir, sous peine d'être coincé sur l'île pendant au moins 14 jours."

Ses proches devront attendre la fin de la période de endiguement pour lui rendre un dernier hommage. "Je vous laisse imaginer notre douleur, notre chagrin, notre chagrin de ne pas avoir été présent et de vivre ce moment à distance, dit Camille. Notre seul réconfort est de dire qu'elle ne se souciera plus de savoir si sa famille est en bonne santé, confinée et ne manque de rien. "

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Comme Camille, tous ceux qui ont perdu un être cher depuis le début de l'accouchement doivent prendre soin de obsèques et vivre leur deuil dans de nouvelles conditions. Pour arrêter la propagation de Covid-19, les directeurs de funérailles et les lieux de culte respectaient des règles drastiques: les enterrements et les crémations doivent être limités au tout premier cercle familial, seules 20 personnes peuvent accompagner le défunt dans les cimetières ou les crématoriums, et les lieux de culte ont souvent dû fermer leurs portes. Quatre personnes ont ainsi été condamnées à une amende Dimanche 22 mars, pour avoir assisté aux funérailles d'un de leurs proches dans le Calvados. "Nous devons limiter les voyages autant que possible et même dans ces circonstances, nous ne devons pas déroger à la règle", a admis le Premier ministre, Edouard Philippe, sur France 2.

Michel a perdu sa belle-mère deux jours avant la mise en détention générale. Son départ a été fait "naturellement", à l'âge de 95 ans. "La première difficulté est que la maison de retraite était fermée au public, seule ma femme a pu y accéder", raconte ce retraité du Var. Sa belle-mère avait écrit ses souhaits et voulait une cérémonie religieuse catholique, mais toutes les églises de la région avaient fermé leurs portes et les prêtres refusaient de se déplacer, pour leur sécurité ou pour se conformer aux réglementations sanitaires.

"Au final, c'est l'un de ses fils qui a eu du mal et a trouvé un prêtre qui a accepté d'aller au cimetière pour une fête", poursuit Michel. Avec sa femme, ils ont convenu de ne pas publier la nécrologie le jour des funérailles et d'éviter une concentration de personnes dans le cimetière. Seuls les enfants et leurs conjoints ont pu assister à l'inhumation, dans un cimetière particulièrement désert.

Il n'y avait pas de cérémonie à l'église, juste son cercueil posé sur des chevalets au cimetière et nous qui gardions nos distances. Tout s'est passé dans les yeux, dans les mots, tout le monde était au courant de la situation.Michel, retraité dans le Varà franceinfo

Eric, un éleveur de vaches en Limousin, a ressenti la même étrange sensation de vide et de solitude lors des funérailles de sa grand-mère. Le jour des funérailles, seul le premier cercle familial a pu se rendre à la collégiale, imposante bâtisse construite au cœur de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), petite ville de 6700 habitants. "Nous avons tous apporté notre certificat vérifié & # 39; raisons impérieuses & quot;. Nous sommes arrivés dans le village sous le soleil, il était presque vide", décrit Eric.

Nous étions cinq sur le parvis alors qu'il aurait normalement dû être bondé de monde. Ça aurait dû être comme ça pour ma grand-mère. J'ai alors ressenti tout le poids de cette période exceptionnelle.Eric, éleveur en Limousinà franceinfo

Au cours de la cérémonie, le prêtre et ses proches ont lu les textes tour à tour, face aux bancs vides et dans un silence pesant. "Nous nous sommes vraiment sentis seuls. L'église était vide au point que mon regard s'attardait sur des détails que je ne regarde jamais, les vitraux, les gargouilles, les chemins de croix … Habituellement, on rencontre plutôt les gens & # 39 ; s yeux ", il décrit.

Depuis le début de l'épidémie, les directeurs de funérailles sont également dépassés. "Nous sommes confrontés à une situation sans précédent. Nous découvrons les problèmes jour après jour", dit Marceau *. Pour ce responsable d'une agence des Hauts-de-France, les enterrements se succèdent dans une ambiance surréaliste. "Nous avons fermé l'agence pour interdire l'accès au public. Il n'y a qu'une seule personne qui reçoit sur rendez-vous", explique le réalisateur. Les familles peuvent venir sur le site pour organiser les funérailles, mais en très petits groupes, et en prenant soin de garder des distances sécuritaires. Les enterrements sont également effectués à huis clos.

Les familles nous disent: & quot; On ne va pas enterrer notre père comme un chien! & Quot; C'est très difficile pour eux …Stéphane, employé d'un directeur de funérailles en Loire-Atlantiqueà franceinfo

Ces restrictions sont encore plus drastiques à Mulhouse (Haut-Rhin), une des villes françaises les plus touchés par l'épidémie. Dans la commune, les directeurs de funérailles sont désormais chargés de procéder aux enterrements ou crémations directes, sans cérémonie. "Le cimetière de Mulhouse refuse depuis aujourd'hui (Mercredi 18 mars), l'accès aux personnes endeuillées ", dit Anne Lantz, directrice générale des salons funéraires Lantz. "Ce matin, nous avons eu un garçon de 25 ans décédé des Covid-19. Quand sa mère a appris que le cimetière n'acceptait plus la présence de la famille, c'était une nouvelle très très difficile. Elle était venue exprès avec son mari pour méditer autour du cercueil."

Dans le cas du défunt contaminé par Covid-19, le protocole est encore plus strict: "Nous allons à l'hôpital avec le cercueil et quand nous arrivons, les gens sont déjà dans des couvertures renforcées et stérilisées. Nous mettons immédiatement la bière, et nous fermons le cercueil", qui est ensuite désinfecté. "Il faut savoir que les familles ne voient pas leur bien-aimé, c'est assez terrible ", souligne tristement Marceau.

Il manque de gens, de chaleur humaine, de fleurs aussi.Marceau, directeur funéraire des Hauts-de-Franceà franceinfo

En plus de la difficulté d'annoncer ces restrictions aux familles, les funérailles sont confrontées à une autre anxiété: celle d'être infectée. "Nous ne faisons pas partie des professions qui bénéficient d'un masque lorsque nous sommes au plus près des défunts et des familles potentiellement contagieuses, déplore Marceau. Et nous n'avons aucune idée de la contagiosité post mortem. "

A l'autre bout de la France, à Marseille, Mohamed Khous travaille dans une agence qui s'occupe principalement de musulmans. Son entreprise s'est conformée aux nouvelles règles: pas de rassemblement, pas plus de deux personnes dans les toilettes, espacement d'au moins un mètre entre les personnes pendant la prière … "Nous avons dû nous adapter, nous ne jouons plus à janaza (prière mortuaire) à l'intérieur, mais à l'extérieur, dans des lieux réservés au cimetière ", il explique.

La plupart des personnes décédées sont enterrées sur des places musulmanes, mais d'autres souhaitent être enterrées à l'étranger, dans leur pays d'origine ou dans le pays d'origine de leur famille, une volonté impossible à réaliser avec le fermeture de la frontière. "Une dame a décidé d'enterrer son mari à Aix-en-Provence puis, à la réouverture des frontières, d'exhumer son corps et de l'enterrer à nouveau en Algérie"dit Mohamed Khous.

Il y a des décédés qui ont toute leur famille dans le village et qui seront enterrés en France. Leurs familles ne verront jamais leur corps car elles ne peuvent pas être rapatriées maintenant.Mohamed Khous, agent dans un salon funéraire à Marseilleà franceinfo

Mêmes restrictions pour les cérémonies juives. "Nous avons limité le nombre de personnes souhaitant assister aux funérailles à 20 personnes, ce qui est très difficile pour les familles, et nous avons fermé les synagogues", explique Richard Wertenschlag, grand rabbin de Lyon. Kaddish, une prière de sanctification pour accompagner les morts, est très difficile à organiser aujourd'hui.

Laisser les malades et les défunts dans la solitude n'est pas conforme aux règles du judaïsme, mais nous sommes obligés de respecter les règles.Richard Wertenschlag, grand rabbin de Lyonà franceinfo

Dans l'Église catholique, des dispositions ont été prises pour protéger les prêtres souvent âgés. "Les jeunes prêtres remplaceront les laïcs qui assisteront aux funérailles lorsqu'ils auront plus de 70 ans si possible", explique Raphaël Bui, curé de l'Aveyron. Les gestes liturgiques seront limités. "Si le cortège est demandé par la famille, elle sera invitée à s'approcher, à signer et à s'incliner devant le cercueil sans le toucher", précise un document de la conférence des évêques de France du 16 mars 2020.

Dans cette situation, comment pleurez-vous? Pour les familles contactées par franceinfo, les conditions exceptionnelles constituent un test supplémentaire. Certaines choses, qui pourraient être un détail dans l'ordinaire, prennent tout leur sens à cette époque, comme l'impossibilité de trouver des fleurs, après la fermeture des commerces non essentiels dont font partie les fleuristes.

Je me rends compte ces derniers jours que les fleurs ont une réelle utilité. Ce ne sont que de petites choses, mais mises bout à bout, le deuil est beaucoup plus difficile à initier et à matérialiser.Marceau, directeur funéraire des Hauts-de-Franceà franceinfo

Cette incapacité à enterrer correctement des êtres chers peut être traumatisante et peser sur le processus de deuil. "Le rituel de l'enterrement est important. Il permet de matérialiser la perte", explique Marie Boudoux d & # 39; Hautefeuille, psychologue. "Chez certaines personnes, cela va créer un traumatisme, mais chez d'autres, ça ira. Peut-être aussi parce que comme beaucoup de gens ne travaillent plus, ils sauront être plus disponibles pour aider les personnes qui ont perdu un être cher. En téléphonant ou par e-mail, par exemple. "

Des alternatives pourraient être mises en place: Olivier Géhin, directeur du développement du groupe funéraire Dabrigeon, réfléchit déjà "une toile de cérémonie à distance, avec textes, musique et photos, permettant aux gens de participer depuis chez eux". "On peut créer complètement des cérémonies a posteriori", ajouter Marie Boudoux d & # 39; Hautefeuille. Une décision déjà prise pour Michel, qui a perdu sa belle-mère. "Dès que la situation le permettra, nous organiserons une cérémonie religieuse. Et nous suivrons enfin convenablement nos souhaits."

* Le prénom a été changé

source:, http://www.bing.com/news/apiclick.aspx?ref=FexRss&aid=&tid=A6DF10996B0F4DD0835F9E7EF88F4207&url=https%3A%2F%2Fwww.francetvinfo.fr%2Fsante%2Fmaladie%2Fcoronavirus%2Fun-dechirement-de-vivre-cet-instant-a-distance-face-au-confinement-les-funerailles-et-le-deuil-chamboules_3875121.html&c=10464800638587794227&mkt=fr-fr