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Enlèvement des véhicules à Abidjan/Usagers et remorqueurs : Des rapports toujours houleux

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Enlèvement des véhicules à Abidjan/Usagers et remorqueurs : Des rapports toujours houleux

Pas un véhicule défaillant n'est récupéré sur les principales artères de la ville d'Abidjan, en général, sans heurts majeurs entre les usagers et les entreprises chargées de cette tâche. A défaut de coups de poing et de gifles, le spectateur est parfois en droit d'abuser. Le boulevard lagunaire au Plateau, le marché d'Adjamé, la rue 38 à Treichville et bien d'autres sites du quartier d'Abidjan sont généralement le théâtre de ces frictions.

Plusieurs jours après avoir payé les frais d'une entreprise, Théophile Koffi, venu récupérer son véhicule 4×4 mercredi 14 juillet à la fourrière de Yopougon Gesco, peine encore à contenir sa colère.

Séry Gervais, président de la Fédération des entreprises de valorisation de Côte d'Ivoire. (Photo : Sébastien Kouassi)

Séry Gervais, président de la Fédération des entreprises de valorisation de Côte d'Ivoire. (Photo : Sébastien Kouassi)

« Jeudi dernier, je roulais sur le boulevard Lagunaire lorsque mon véhicule a basculé. Une dépanneuse est apparue. Les occupants m'ont ordonné de payer la somme de 80 000 FCfa pour me transporter jusqu'au garage de mon choix. J'ai offert 35 000 FCfa. Alors que j'étais encore assis à l'intérieur, ils ont commencé à tirer l'engin, jusqu'à ce que nous nous retrouvions vers le premier pont sur le chemin de Yopougon, où je suis descendu du véhicule en marche, après avoir menacé de tourner le volant. Pourtant, ils l'ont envoyé à la fourrière de Gesco. Finalement, au lieu d'une amende de 55 000 FCfa, on a fini par s'entendre sur 20 000 FCfa », raconte ce salarié du secteur agricole. Qui, a-t-il dit, s'attendait à une assistance plutôt qu'à des représailles. "J'ai lu sur Internet qu'avant de remorquer un véhicule, ils doivent d'abord assister l'automobiliste, mais avec eux, vous ne percevez pas cette assistance", assène-t-il.

Fourrière insalubre et obsolète

Pour accéder à la fourrière, il faut traverser les eaux usées. (Photo : Marcelline Gnéproust)

Pour accéder à la fourrière, il faut traverser les eaux usées. (Photo : Marcelline Gnéproust)

Dans un piteux état, la fourrière ressemble à un chantier abandonné, avec de vieilles épaves de véhicules garées ici et là. C'est de loin le plus grand du district d'Abidjan. C'est là que sont transportés tous les véhicules empruntés sur la voie publique. Pour y accéder, le visiteur doit d'abord traverser les égouts. La boue et l'eau verdâtre stagnante, aux prises avec les hautes herbes, ajoutent à cet état de dégradation.

En arrière-plan, des casernes servent de bureaux aux entreprises de remorquage. Ils sont cinq à squatter ce site depuis la libéralisation de ce secteur par le District d'Abidjan, sur treize entreprises agréées. Debout devant les bureaux de fortune, trois hommes expriment leur colère. « Nous étions en route pour la visite technique lorsque nous avons été interceptés par des policiers municipaux. A peine avions-nous tenté de négocier que le véhicule a été remorqué par des agents qui l'ont conduit à la fourrière. Cette façon de procéder n'est pas normale", fulmine Aladji Sidibé, à qui la somme de trente mille francs est demandée.

De son côté, Ibrahim, chauffeur de taxi, ne sait quelle attitude adopter pour récupérer son véhicule qui lui a été pris à Riviera 2. Sur ce site, comme sur les autres, les plaintes des usagers ne s'effacent pas.

Assis dans un fauteuil à la fourrière du Grand D à Attecoubé, "la note salée" en main, Aka Bernard ne sait plus où donner de la tête. Car il doit débourser plus de 180 000 FCfa, après que son véhicule a été retiré en son absence de la Casse d'Abobo. « Je ne comprends plus rien. Ma voiture n'était pas la seule là-bas. Pourquoi avez-vous épargné les autres, et d'ailleurs, pourquoi une telle somme », a-t-il plaidé.

T. Koffi se plaint de ne pas avoir reçu d'assistance. (Photo : Julien Monsan)

T. Koffi se plaint de ne pas avoir reçu d'assistance. (Photo : Julien Monsan)

Mission des entreprises de remorquage

Les entreprises de déménagement sont chargées de l'assistance, du dépannage et du remorquage (Adr), précise le directeur de Sery Behi Holding, Sery Gervais, qui est également président de la Fédération des entreprises de dépannage de Côte d'Ivoire. « Lorsqu'un usager est en détresse à cause d'une panne de carburant, d'un pneu crevé, d'un problème de chauffe, nous l'abordons. S'il a les accessoires, nous l'assisterons. Sinon, nous sommes obligés de retirer le véhicule », a-t-il déclaré.

Les véhicules défectueux sont repérés lors des patrouilles organisées par les compagnies. D'autres fois, ils sont alertés par la Police Nationale, les usagers, les autorités ou toute autre bonne volonté.

Selon le président et ses collègues Diarra Siaka, directeur général de Grand D, et N'guessan Kouamé Pierre, responsable des Opérations, de la Facturation et du Soar Park (société de remorquage africaine), les altercations découlent du refus de l'automobiliste de obéit. « Peu d'utilisateurs admettent être en panne. Ils essaient toujours de nous tromper. Certains sont déjà montés, à notre avis », confient-ils.

Réparation interdite sur la piste

A. Bernard n'est pas content parce qu'il n'avait pas d'aide. (Photo : Joséphine Kouadio)

A. Bernard n'est pas content parce qu'il n'avait pas d'aide. (Photo : Joséphine Kouadio)

Ceux qui tentent de coopérer souhaitent attendre l'aide de leurs mécaniciens, pour réparer la panne sur la piste. Ce qui est totalement interdit par la loi. Car la piste n'est ni un garage ni un parking, selon le patron de la société Grand D, connue sous le pseudonyme de « Grand D ».

En effet, au-delà des embouteillages interminables, le stationnement sur la voie ou en bord de route entraîne toujours, selon l'enquêté, des dangers. « Souvenez-vous de ce gbaka en panne qui a refusé l'aide des compagnies de remorquage. Un véhicule fou s'y est écrasé et a tué des passagers. Finalement, ce gbaka a été brûlé par des badauds en colère ».

C'est pourquoi les plus obstinés sont remorqués alors qu'ils sont encore assis dans le véhicule, pour éviter de s'attarder sur la piste. D'autres motifs de disputes entre remorqueurs et automobilistes tournent autour de la ruse utilisée par certains. Ceux-ci, après avoir promis de payer la taxe, se déchaînent dès qu'ils sont mis en sécurité dans les espaces de leur choix.

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Des « kidnappeurs » giflés

Si les automobilistes se plaignent d'être agressés par des remorqueurs, ils les accusent également des mêmes actes. Un vrai dialogue de sourds entre ces deux entités qui se renvoient la balle. Bah Tayé Ninsemon, machiniste, et son collègue Bouazé Zézé Clovis, coordinateur au Grand D, racontent leur mésaventure.

« Alors que je mettais en place le dispositif de remorquage d'un véhicule en panne devant un restaurant des Deux-Plateaux, le chauffeur m'a giflé avant de m'injurier », confie Ninsemon. Parfois, ils sont agressés par des usagers ou battus par des badauds avec des barres de fer.

Selon le responsable des opérations, de la facturation et du parc de Soar, N'guessan Kouamé Pierre, ces cas ne sont pas rarissimes. Au contraire, il arrive souvent que lors de simples kidnappings ou expulsions initiés par le District d'Abidjan ou certains ministères, leurs agents soient pris à partie par des individus excités qui, en plus de les frapper, cassent les dépanneuses. .

Le président de la Fédération, Sery Gervais, se souvient d'une scène. « Un camion transportant du bois est tombé en panne sur l'autoroute. Nos agents ont approché les occupants, mais ils se sont opposés au motif qu'ils attendaient l'appel du patron. À notre grande surprise, ils ont fait venir des individus pour nous attaquer ».

Pour éviter de s'exposer à des attaques et autres incertitudes liées à la présence de petits badauds qui s'improvisent « pousseurs de véhicules » en cas de panne, les patrons des entreprises appellent les utilisateurs à coopérer

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N’ZI Thierry, Directeur des Transports et de la Mobilité Urbaine du District d’Abidjan : « Remorquer un individu assis dans sa voiture est dangereux »

N'ZI Thierry, directeur des transports et de la mobilité urbaine du district d'Abidjan. (Photo : Poro Dagnogo)

N'ZI Thierry, directeur des transports et de la mobilité urbaine du district d'Abidjan. (Photo : Poro Dagnogo)

Quels commentaires faites-vous sur les utilisateurs ? réclamations pour non-respect des conditions d'enlèvement ?

Les plaintes des utilisateurs sont récurrentes. Ceci est dû au manque de communication concernant les tarifs applicables dans le domaine de l'enlèvement des véhicules en panne ou endommagés sur la voie publique, dans les limites territoriales du District Autonome d'Abidjan. Cette méconnaissance ou méconnaissance de la grille tarifaire par les automobilistes est très souvent exploitée par les structures conventionnées. Ils abusent en surfacturant des utilisateurs qui n'ont d'autre choix que d'exprimer leur mécontentement.

Quelle est la sanction en cas de surfacturation ou d'abus ?

Nous avons des retours du terrain. C'est pourquoi aujourd'hui nous ne leur donnons plus d'agréments, mais plutôt des autorisations à renouveler tous les quatre mois afin de voir lesquels sont professionnels ou non. Ils sont treize. Le District Autonome d'Abidjan a mis en place une Brigade de Circulation Urbaine (Bcu

N'Guessan Kouamé, un autre patron d'entreprise de remorquage. (Photo : Julien Monsan)

N'Guessan Kouamé, un autre patron d'entreprise de remorquage. (Photo : Julien Monsan)

) joignable au 0141899001/0103107428/0141896532/0141896221/0757256655/0709367630, à tout moment, pour tout litige ou réclamation. Par ailleurs, lorsque les services d'arrondissement sont saisis d'un cas avéré d'abus, l'entreprise concernée est tenue de respecter les tarifs en vigueur. A toutes fins utiles, il est à noter que l'utilisateur n'est pas systématiquement facturé. Le cahier des charges des déménagements oblige les entreprises, sous certaines conditions, à assister gratuitement les automobilistes en cas de crevaison, échauffement du moteur, panne d'essence, arrêt court pour répondre à un besoin urgent et prise d'air. ne nécessitant pas de carburant, pour les camions.

Il arrive que certains véhicules d'occasion soient remorqués alors qu'ils sont assis dans le véhicule. Quelle attitude adopter dans ce cas ?

Des dispositions réglementaires existent pour l'enlèvement des véhicules. Vous ne pouvez pas remorquer un individu qui est assis dans sa voiture, c'est dangereux. Il y a deux places offertes par la structure de remorquage à l'utilisateur. Cela lui permet de monter dans le camion qui transporte sa voiture.

Et si l'occupant du véhicule résiste ?

Il s'agit d'un manque de communication. Les structures avec lesquelles nous avons des accords font marquer leurs numéros de téléphone, ainsi que ceux du District, afin que chacun puisse appeler en cas de difficulté. Un véhicule en panne sur la voie publique gêne la circulation. L'occupant doit être assisté, réparé ou remorqué. Il est impératif que tout le monde comprenne que le temps, c'est de l'argent. Vous ne pouvez pas imaginer ce que ces obstacles créent comme impacts négatifs sur l'économie.

Quelle est la politique de communication du District sur la mission de ces structures kidnappeuses ?

Nous travaillons avec les syndicats des transports, les associations et le Conseil Supérieur des Transporteurs. Nous avons même tenu une réunion sur le thème de la fluidité des transports à Abidjan, avec le Comité de concertation État-secteur privé pour leur montrer les différents impacts d'une route encombrée.

L'un des points de friction entre les utilisateurs et les collecteurs concerne les tarifs jugés élevés. N'y a-t-il pas la possibilité de les abaisser ?

Les taux d'enlèvement tiennent compte du type de véhicule et du poids Conseil Chauffage en charge. Le classement catégorique du tarif prend donc en compte ces deux critères. Les tarifs en vigueur ont fait l'objet d'une large consultation, à l'issue des travaux initiés par le Comité Consultatif d'Etat du Secteur Privé (Ccesp), auquel l'Administration (District Autonome d'Abidjan, Ministère des Transports, Ccesp) a participé. ), les sociétés de collecte conventionnées et le Conseil supérieur des transporteurs. Tirer un véhicule pour 40 000 FCFA coûte cher, bien sûr. Mais l'entreprise paie le carburant, le personnel, les pièces du véhicule, etc. Le remorquage d'un gros véhicule est différent d'une petite voiture, car ils utilisent des appareils plus puissants et prennent plusieurs heures.

Les ravisseurs se plaignent également d'avoir été agressés. Comment réagissez-vous à cela?

Nous avons des obligations envers les opérateurs, qui consistent à leur permettre de travailler dans des conditions de sécurité. Lorsque nous sommes informés de ces cas, nous intervenons. S'y opposer est de l'incivisme. A notre niveau, nous les formons, aussi bien les patrons que le petit personnel. C'est pourquoi nous leur demandons d'habiller leurs agents sur le terrain et surtout d'éviter de travailler avec des badauds, car s'il y a un problème, ils peuvent se joindre à eux et commettre des délits. Nous travaillons également avec la Police Nationale pour éviter ce genre de situation.

Quelle stratégie pour lutter contre la concurrence déloyale ?

Le quartier travaille sur des routes d'intérêt urbain et national et non d'intérêt communal. On ne peut pas systématiquement parler de concurrence déloyale car certaines entreprises ont des partenariats avec la police et non avec le District. Les mairies assurent également la fluidité de la circulation dans leurs limites territoriales. Ce faisant, ils donnent des agréments à certaines entreprises, ce qui a pour effet de retirer des véhicules des routes d'intérêt municipal de leur ressort. Nous sommes en train de réfléchir à une répartition par zone pour ces entreprises, afin que chacune s'occupe de son secteur.

La fourrière Gesco est dans un état de dégradation avancé. Quand sera-t-il réhabilité ?

Cette fourrière doit être entièrement rasée pour accueillir une structure moderne ou le remorquage ne se fera plus manuellement. Le projet devait démarrer l'année dernière, mais il a dû être retardé en raison de la crise du Covid-19.

Grand D, patron d'une entreprise de remorquage plaide pour une meilleure communication. (Photo : Joséphine Kouadio)

Grand D, patron d'une entreprise de remorquage plaide pour une meilleure communication. (Photo : Joséphine Kouadio)

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Taxes de perception élevées ?

La pierre d'achoppement entre les « belligérants » tient sans doute aux taux d'enlèvement jugés élevés : 35 000 FCfa pour les véhicules personnels en journée, quel que soit le lieu et 40 000 F la nuit.

Pour les camions de 1,5 t et 2,5 t, l'enlèvement coûte 40 000 F et 50 000 F à vide. Lorsqu'il est chargé, il est de 50 000 F à 60 000 FCfa. Pour les camions bennes, semi-remorques, remorques, autobus et autobus de moins de 30 t, l'enlèvement est de 80 000 F ou 95 000 F s'il est vide et de 145 000 F et 170 000 F si le camion est chargé.

Enfin, pour les engins tractés, le train routier supérieur à 30 t, le prélèvement est de 95 000 F et 110 000 F contre 160 000 F et 190 000 F.

N'Guessan Kouamé, un autre patron d'entreprise de remorquage. (Photo : Julien Monsan)

N'Guessan Kouamé, un autre patron d'entreprise de remorquage. (Photo : Julien Monsan)

Bien que définis par le Comité consultatif État-secteur privé (Ccesp), le Conseil supérieur du patronat des entreprises de transport routier, la Direction générale des transports terrestres et de la circulation (Dgtcc), l'Observatoire de la fluidité des transports (Oft), la Fédération des entreprises d'assistance des Côte d'Ivoire (Fedci) et District autonome d'Abidjan, ces prix ne sont pas fixes, selon les patrons des entreprises. Qui n'hésitent pas, sur demande, à accorder des remises aux utilisateurs.

Ils réclament une subvention de l'État pour renouveler le parc de dépanneuses.