Le rêve d’une maison neuve avec jardin est toujours d’actualité en Creuse
Avoir une petite maison, un bout de jardin, c'est le rêve d'une vie pour certains. Et les verrouillages n'auront pas atténué cette envie. «L'effet covid avait le même effet partout. Les gens préfèrent maintenant vivre en dehors des villes, pour avoir un petit morceau de terre et d'air. Nous l'avons ressenti dès la première fois que nous avons été déconfinés l'année dernière », note Thierry Hubert, directeur des Maisons Batidur et vice-président du Pôle Logement de la Fédération de la construction de Nouvelle-Aquitaine.
Un terrain accessible dans un endroit où vous pouvez respirer
Et en Creuse, il y a de la terre et de l'air, à des prix qui permettent aux primo-accédants de réaliser leurs rêves peut-être plus qu'ailleurs avec une moyenne de 13 euros le m².
«C'est un département foncier bon marché. Pour le même budget, vous avez plus de surface en Creuse qu'ailleurs. La terre ici est 50% moins chère qu'à Limoges par exemple "
Thierry Hubert (Vice-président du Pôle Logement de la FFB Nouvelle-Aquitaine.)
Ceux qui se lancent sont pour la plupart de jeunes primo-accédants de la région, mais aussi des personnes de Creus qui ont vécu ailleurs et qui retournent à leurs sources pour prendre leur retraite et construire une maison pour leur vieillesse. «Nous avons aussi de plus en plus de gens qui choisissent la Creuse, qui ont quitté les grandes villes pour venir ici», ajoute Thierry Hubert. «Ils veulent vivre autrement, ils veulent plus de confort, être au plus près de la nature, et cela va continuer car l'épidémie n'est pas finie et il y en aura d'autres», ajoute Éric Rapinat, agent immobilier et constructeur de maisons à ossature bois.Les maisons à ossature bois Natilia proposent des maisons à ossature bois au look contemporain @ Bruno Barlier
Même si l'année 2020 est loin d'avoir enregistré un boom de la construction neuve dans la région (-8,5% pour les maisons individuelles et -20% pour les collectifs) qui peut s'expliquer par une petite réticence à investir en période de crise, «la demande reste dynamique malgré tout» dans le département.
Rien d'extravagant, avec un marché d'un peu moins de 200 permis par an, le département n'est pas celui où les nouvelles habitations poussent comme des champignons. L'ancien est également populaire ici, mais «les biens sans trop de travail se font rares. Et quand il y a du travail, c'est important, surtout en ce qui concerne l'isolation», note Thierry Hubert.
Les propriétaires en herbe préfèrent alors se tourner vers la nouvelle génération neuf, avec une garantie de 10 ans et des coûts de fonctionnement inférieurs à l'ancienne.
@ Bruno Barlier
«Aujourd'hui, les gens recherchent une maison, pas forcément très grande mais avec beaucoup d'habitabilité, de beaux espaces de vie et un terrain. Ils recherchent le confort toutes saisons et la performance énergétique. "
Thierry Hubert (Vice-président du Pôle Logement de la FFB Nouvelle-Aquitaine et directeur de Batidur)
Des maisons qui sont désormais proposées avec climatisation en été, entre 90 et 110 m² en moyenne pour un budget d'environ 160 000 euros selon les prestations et les finitions. «La plupart des demandes concernent des plain-pied aux formes simples, rectangulaires ou en L», ajoute Paul Gayaut, représentant commercial de l'agence Creuse pour les maisons Marcel Millot. «Les jeunes clients seront intéressés par les nouvelles technologies, les systèmes de refroidissement, tandis que les clients plus âgés accorderont plus d'attention à la qualité des matériaux. Voilà pour l'intérieur.@ Bruno Barlier
À l'extérieur, on reste avec l'esthétique traditionnelle. En dur, brique ou parpaing. «C'est peut-être culturel avec la tradition des maçons de Creuse», sourit Thierry Hubert. Même si la charpente bois s'installe progressivement dans le paysage, comme des constructions plus originales ou plus écologiques comme ses déclinaisons bioclimatiques.
Mais même à la campagne, les futurs propriétaires semblent avoir renoncé aux rêves de grandeur, parfois à cause du resserrement des règles d'urbanisme, un budget trop serré ou tout simplement, comme le maire de Saint-Fiel, François Barnaud.
«Les gens veulent une construction dans une zone rurale sans ses contraintes. Nous ne pensons plus à acheter un terrain de 5 000 m², nous sommes plutôt sur des parcelles de 500 à 1 000 m² maximum "
François Barnaud (maire de Saint-Fiel)
Dans les lotissements, les lots se vendent comme des petits pains et cumulent les avantages pour les petits budgets des jeunes travailleurs qui ne veulent pas passer leur week-end à tondre.@ Bruno Barlier
Cependant, la Creuse permet toujours de ne pas avoir de voisin (trop proche). "Les dix derniers permis que nous avons accordés concernent des terrains hors lotissements", a déclaré Laurent Daulny, maire de Dun-le-Palestel. Les gens recherchaient la paix et des terrains plus vastes. Un luxe qui pourrait bien vivre ses dernières années …
La maison à ossature bois répond déjà aux normes de demain
Au pays du granit, on rêve aussi du bois. La maison à ossature bois s'installe dans la Creuse depuis plusieurs années, plébiscitée pour sa rapidité de construction et ses performances énergétiques.
«Nous avons de plus en plus de demandes pour la charpente en bois, je ne sais même pas comment répondre à ces demandes, j'ai plus d'une demande par jour aujourd'hui, du Creusois ou de personnes qui veulent s'installer. En Creuse Eric Rapinat a repris la franchise de maisons à ossature bois Natilia il y a deux ans et n'a aucun regret. @ Julie Ho Hoa
Construite en deux fois moins qu'une maison «solide», la maison à ossature bois présente également des avantages en termes d'isolation et de performance énergétique. «Aujourd'hui, nous sommes à 1 600 euros le m²», explique Éric Rapinat.
«Avec les enjeux écologiques et la prochaine RE 2020, nous serons peut-être moins chers que la maison traditionnelle car nous respectons déjà la réglementation, tandis que pour que la construction en béton et en brique soit conforme à la RE2020, il faudra peut-être augmenter le prix du m²» .
Eric Rapinat (Maisons à pans de bois Natilia à Guéret)
Là encore, les surfaces privilégiées sont de l'ordre de 100 à 120 m², mais Éric Rapinat a également mis en place des projets de 150 m². "Tout dépend du budget bien sûr, mais en général, nous sommes sur des maisons de 160 000 euros (*) et le budget a tendance à augmenter car les gens veulent un peu plus de qualité, plus de confort."
Par exemple, ses clients demandent de plus en plus une climatisation réversible dans ces maisons ultra-isolées où le coût du chauffage peut être considérablement réduit. Des atouts indéniablement attractifs. «À la fin de l'année dernière, nous avons construit trois, quatre maisons à ossature de bois. Là, nous avons pris un bon départ pour pouvoir plus que doubler », déclare Eric Rapinat.
(*) Construction uniquement, sans terrassement ni assainissement.
Trouver un terrain peut devenir de plus en plus compliqué
Avec l'évolution des règles d'urbanisme et la volonté de limiter l'artificialisation des terres agricoles, les terrains à bâtir peuvent devenir plus rares et les permis de construire plus compliqués à obtenir.
Saint-Fiel travaille actuellement sur son PLUi (Plan local d'urbanisme intercommunal) avec les services de l'Etat, qui remplace l'ancien Plan d'Urbanisme (POS) et le Règlement National d'Urbanisme (RNU) et qui déterminent les terrains constructibles. et qui ne l'est plus. Et le tri doit être sévère.
«On nous demande désormais de passer de 55 hectares constructibles à 17», explique son maire, François Barnaud. Une décision subie mais qu'il devra expliquer à leurs propriétaires. «Ces terres reviendront dans le monde agricole. Naturellement, la seule question que je me pose est de savoir s'il y aura suffisamment d'agriculteurs pour les exploiter et ne pas les laisser devenir des friches? "@ Bruno Barlier
S'il accepte qu'une réflexion soit amorcée sur les surfaces des bâtiments, "éviter les abus qu'il a pu y avoir il y a 20 ans, l'étalement et l'étalement des constructions", il craint que l'attractivité de sa commune ne souffre d'une telle coupure nette en l'offre de construction.
«Nous ne prenons pas en compte la différence entre les zones rurales et urbaines. La réglementation est parfois trop stricte et nous fait perdre de futurs habitants. Nous, élus, savons ce que nous faisons dans nos municipalités, souligne Laurent Daulny, maire de Dun. Il est évident que nous n'autoriserons jamais la construction d'une maison à 3000 mètres des réseaux! ". Toujours dans la réglementation nationale d'urbanisme (RNU) qui ne facilite pas la construction – c'est l'Etat qui a la décision finale et non le maire – Dun-le-Palestel va également transmettre un PLUi qui va remanier les cartes de son approvisionnement de terrain constructible.
"Nous adaptons notre offre à la vision des personnes qui construisent actuellement"
Même si le nombre de permis de construire qu'ils ont octroyés est en baisse depuis dix ans, ce sont toujours les communes proches de Guéret qui séduisent le plus les futurs propriétaires.
Les chiffres des dix dernières années montrent un certain engouement pour les communes de la périphérie de Guéret (Saint-Vaury, Saint-Fiel, Sainte-Feyre, Saint-Sulpice-le-Guérétois), pour La Souterraine et Dun-le-Palestel. Des communes qui réunissent plusieurs arguments décisifs dans le choix des futurs propriétaires. Ils ont retenu de nombreux services à la population, crèches, écoles, poste, commerces, maisons de retraite, ont su créer une dynamique accueillant de nouvelles populations et le prix du terrain reste très abordable.
Le prix du m2 varie ici de 10 à 19 euros maximum pour un terrain viabilisé alors qu'il faut en moyenne 25 € / m² en Haute-Vienne, pareil dans l'Allier et 130 € / m² dans le Puy-de-Dôme.
La nouvelle maison avec jardin est-elle suspendue dans le Puy-de-Dôme?
Saint-Fiel, à 10 minutes de Guéret, a délivré 10 permis de construire en 2019. C'est l'un des taux les plus élevés de Creuse avec Sainte-Feyre (13 permis délivrés) et La Souterraine (11) et Saint-Vaury (10). «La priorité des nouveaux habitants, plutôt jeunes, c'est la maison individuelle d'environ 100 m² en moyenne avec un garage», explique François Barnaud, le maire qui vient également de signer des permis «pour des maisons de 160, 170 m²».
Avec un prix au m² de 10 à 12 € en moyenne, la commune tente «d'offrir un parc constructible relativement important pour être attractif». Cela va du terrain "de 1 000, 1 500 m² en parfaite harmonie avec ce que nous demande l'Etat, au terrain de 400 à 500 m² dans l'éco-quartier".
«Nous devons respecter la diversité des choix de vie de chacun. Certaines personnes se retrouveront très bien dans un éco-quartier sans trop de terres, d'autres dans des parcelles un peu plus grandes. Nous adaptons notre offre à la vision des personnes qui construisent actuellement. "
François Barnaud (maire de Saint-Fiel)
Même philosophie du côté de Dun où les budgets les plus serrés qui ne peuvent pas se permettre "des terrains plus grands et plus isolés car plus chers" peuvent se référer à "des parcelles de 500 à 600 m² à des prix très bas. Raisonnables et viabilisés" pour construire leur pavillon et régler.
Texte: Julie Ho Hoa