« Être poète, c’est cultiver des fleurs dans la tempête »
La Croix L’Hebdo : La baie vitrée (Éditions Bruno Doucey), votre recueil de poèmes nés du premier confinement, vient de paraître. Vivez-vous l'assignation à résidence différemment lorsque vous êtes poète?
Yvon Le Men: Comme tout le monde, j'avais peur. Peur pour moi, mes proches, mes amis … Pour la première fois, j'ai commencé un poème en pensant que je ne le finirais peut-être pas. J'ai dû annuler de nombreux projets, voyages, mais j'ai tout de suite refusé que cette partie de ma vie m'ait été volée. J'ai voulu faire de la contrainte d'enfermement un temps d'expérience, un temps pour connaître le monde autrement.
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Je n'ai rien à redire: j'ai une maison avec des fleurs et des arbres, à l'orée d'un bois. Je suis un peu comme un moine dans son abbaye. Je me mets dans un autre état, avec de plus grandes oreilles, un cerveau plus attentif, pour essayer de voir les choses au loin. Dans de tels moments, vous vous enfoncez ou montez d'un étage. Lorsque nous n'avons nulle part où aller, nous devons nous déplacer en nous.
Dans ce livre, nous entendons les voix de nombreux poètes. Était-ce un silence habité?
Y. L. M.: Pendant ces semaines, je me suis senti plus seul que d'habitude, mais j'ai une grande bibliothèque de 15 000 livres que j'ai littéralement pillés. Lorsque vous ouvrez un livre et que vous trouvez un poème que vous aimez, c'est comme être accueilli dans une maison. Ça se calme, ça fait du bien … Avec un poème, on n'est plus seuls, même si ceux qui sont avec nous ne sont pas du même siècle ou du même pays que nous.
Il y avait aussi des réunions. J'ai commencé à voir les oiseaux qui ne viennent généralement pas. J'ai compté dix-sept espèces dans mon jardin. Et puis il y a eu l'accident de la baie vitrée, qui figure en bonne place dans le livre. Mon volet roulant est resté bloqué pendant deux jours. J'ai été laissé dans le noir. Heureusement, un électricien est venu. Normalement, c'est un artisan cher. À l'époque de Covid, il était comme un messager biblique …
Comment voyez-vous cette crise sanitaire persistante?
Y. L. M.: Aujourd'hui, il faut être prudent tout le temps, être dans une sorte de vigilance insomniaque. C'est très étrange. Nous traversons une période extrêmement difficile. Je pense aux enfants, dont un proverbe africain dit qu'ils ont besoin de tout le village de leurs parents pour apprendre à lire, à écrire et à écouter. Je pense aux jeunes amoureux de 20 ans … Et, à l'autre bout de la chaîne, aux personnes âgées des maisons de retraite médicalisées qui ont vu – ou pas – leurs enfants derrière une vitre. Et on apprend aussi que, pendant cette crise, les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent. C'est obscène, horrible …
Mais j'essaye d'être optimiste. Je suis un optimiste tragique. Pas un pessimiste joyeux, je ne suis pas assez intellectuel pour ça. Mais optimiste oui, comme les petits bateaux dans lesquels les enfants apprennent à naviguer. Je suis un optimiste de cette taille! Avec cette crise sanitaire, on redécouvre paradoxalement l'importance de l'autre. Nous pensons que communiquer via des écrans ne peut pas durer.
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Au fond, si on regarde de près ce qui nous manque, on voit que c'est ce qui est poétique en nous: s'aimer, s'embrasser, se toucher, se consoler, être enchanté, se retrouver. un feu … Les plus difficiles, pour moi, ce sont les funérailles où tu restes les bras pendantes, ton corps inutile.
Comment êtes-vous entré dans la poésie?
Y. L. M.: J'ai écrit parce que j'étais indigné. J'avais 19 ans, étudiante à Rennes, militante d'extrême gauche du mouvement maoïste. En même temps, j'allais à Taizé, voir frère Roger, qui venait de publier Violence du pacifique.
Au début des années 1970, en Bretagne, c'était l'époque des grandes grèves, sur la queue de la comète de mai 68. J'avais passé un an intensément à faire campagne, à parler " liberté ", "Révolution", "Socialisme", mais je n'aimais plus quelque chose à propos des slogans. C'était trop simple, trop violent. J'ai pensé : «Nous voulons changer la vie, mais où est la vie? " J'ai ressenti un problème de rapport entre les idées et la vie, qui porte des contradictions constantes. Je voulais dire «je» et on m'a dit que les problèmes personnels n'existaient pas, qu'il n'y avait que des problèmes collectifs. Aujourd'hui, c'est un peu l'inverse … Je voulais "je", et donc aussi "toi" et "nous".
A cette époque, des partis étaient organisés en soutien aux grévistes de la commune française à Saint-Brieuc et dans les usines de construction. J'ai été invité à dire mes poèmes sur scène, aux côtés de chanteurs, musiciens, conteurs. Dans l'assemblée, il y avait des ouvriers qui ressemblaient à ma famille, les frères de mon père, avec des visages fatigués. Là, je parle et ils m'écoutent. Ils m'applaudissent. Ils me disent : "Tu parles de nous …" C'était le coup de foudre et je me suis dit: "C'est ma vie." J'ai quitté mes études, mon métier de pion… Je ne voulais rien faire d'autre.
Et après ça ?
Y. L. M.: J'ai eu mon dernier salaire et je me suis dit: "Ici, je suis poète", mais je n'avais pas de travail. (Des rires.) J'ai vécu dans une petite pièce avec une caisse de bibliothèque. J'ai construit petit à petit un public, en allant dans les bistrots, la MJC (Maison des jeunes et de la culture), par le bouche à oreille. J'ai réussi à vivre comme ça du mieux que j'ai pu jusqu'à ce que la gauche arrive au pouvoir en 1981.
Il a commencé les années que je n'aimais pas. En théorie, le changement que nous espérions s'était produit. Sauf que je me sentais exclu de ce mouvement. Les années 1980, dans le domaine culturel, c'était le développement des scènes nationales dont on était exclu, les grands spectacles où l'on mettait beaucoup d'argent sur la forme… Je me sentais anachronique. Je me demandais ce que je faisais en écrivant des poèmes dans une ferme sans chauffage ni toilettes. Pendant ces années, j'ai quand même publié, mais j'ai commencé à avoir des problèmes de santé, mes dents. Là, j'avais vraiment peur. J'étais fatigué. Cela a duré sept ans …
Mais tu persévères …
Y. L. M.: J'avais décidé que je n'allais pas faire demi-tour. J'ai été courageuse, ce qui n'est pas vrai dans tous les endroits de ma vie. Je voulais voir s'il était possible d'aller jusqu'au bout et de vivre de la poésie sans me trahir. Certains peuvent écrire de la poésie tout en travaillant dans un autre domaine. Je suis très éponge. Je suis imprégné de tout ce qui m'entoure. J'avais besoin d'être sur un chemin complet, sinon je n'aurais rien découvert.
Comment êtes-vous sorti de cette période difficile?
Y. L. M.: Des amis sont venus à mon aide. Ils ont formé une petite association pour m'aider à obtenir un statut intermittent, ce qui m'a donné la sécurité. Puis, Roger Leroux, directeur du Carré Magique de Lannion, m'a fait confiance en me confiant une mission «poésie» pour le théâtre, en 1992. J'ai créé les rencontres poétiques «Il fait un temps de poème», qui célébrera en deux ans leurs 30e anniversaire.
Puis, en 1997, Michel Le Bris m'a confié la poésie du festival Étonnants Voyageurs. Avec ces deux racines, j'ai rencontré beaucoup de poètes, et chacun m'a amené d'autres poètes. Cela a fait un archipel. J'ai voyagé partout dans le monde, au Mali, en Haïti, en Bosnie, au Liban, en Chine, au Maroc, au Congo… C'était inattendu quand je vois d'où je viens, un petit village breton de quatre maisons.
Dans votre enfance, les gens aimaient-ils les mots autour de vous?
Y. L. M.: Le mot «enfance» m'est sacré. L'enfance est un pays, une géographie, une éternité. Ma mère était couturière. Mon père était boulanger, mais il avait une tumeur au cerveau et ne pouvait plus travailler près des fours. Il était devenu un réparateur de route auxiliaire. Mes parents étaient très amoureux. Peut-être parce qu'avec la maladie de mon père, ils ont vécu ensemble: mon père, ma mère et la mort. Ils vivaient constamment dans l'impermanence.
Jeune, ma mère avait été très impliquée dans la JOC, les travailleurs chrétiens. Jeunesse, elle y avait fait du théâtre. Elle était bonne. Enfant, elle m'a fait réciter "Donner le ton" Les fables de La Fontaine que notre professeur nous a lues après le déjeuner. Mon père était curieux du monde. Il a lu tout ce à quoi il pouvait penser, des bandes dessinées, des illustrations, des romans … Il m'a dit: «Viens avec moi dans le jardin et je te raconterai des histoires. " Pendant que nous sarclions les poireaux et les carottes, il m'a parlé de Bérézina, d'Archimède à Syracuse … Le soir, alors que ma mère travaillait avec sa machine à tricoter, je me souviens de la voix de mon père qui lui lisait Docteur Jivago. Tout cela crée un climat de mots intéressant …
Ce fut une enfance pauvre, très pauvre parfois même. L'école m'a sauvé. Nous n'avions pas de livres, mais nous en avons emprunté à la bibliothèque. Ce fut une enfance difficile, avec ce souci constant de la maladie, mais joyeuse. Je ne connaissais pas la joie, mais la joie.
Pourquoi avez-vous choisi la poésie et non une autre forme d'écriture?
Y. L. M.: J'ai écrit des poèmes parce que je me demande. Le poème n'a pas les réponses à nos questions, mais il ne nous laisse pas seuls dans nos questions. Quand mon père est mort, j'avais 12 ans. Avec la distance, je crois que le poème était une manière de tracer un chemin entre sa tombe et le ciel. Un roman se lit de gauche à droite, un poème se lit de haut en bas. Le poème augmente le monde. Il console. Il fait attention à ce qu'il dit.
J'ai écrit deux romans, mais dans mon imagination, je flotte un peu. Quand j'écris, je suis un peu obsédé par le sens. C'est comme si je n'avais pas de temps à perdre. Le sens me polarise. En même temps, nous sommes des êtres contradictoires. Le génie du poème est d'intégrer des forces opposées pour en faire des points d'équilibre. Ce qui m'attire aussi, c'est l'efficacité du poème. Il a un coup de poing, une puissance de feu, parfois un effet physique, parfois juste en quelques mots.
Quand à Demain, à bas, Hugo écrit à sa fille Léopoldine: "Je vais y aller, tu vois, je sais que tu m'attends." Il n'y a rien là-bas qui puisse vieillir. A cause de ce poème, je suis allé à Villequier, sur la tombe de Léopoldine. C'est exactement ce que dit le texte. Dépôt de personnes "Houx et bruyère en fleur". Elle est décédée en 1843 mais nous la connaissons toujours grâce à son père.
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Pour moi, la poésie est aussi une question de rythme. C'est un battement de batterie, un arpège … C'est la musique qui trouve le poème. C'est probablement parce que j'écris à travers mes oreilles que cette forme me convient.
Est-il facile de se qualifier de poète? N'avez-vous jamais été intimidé par ce mot?
Y. L. M.: Intimidé, non, mais toujours étonné. (Des rires.) J'ai beaucoup entendu dire que ce n'était pas un travail. "Poète" est un mot chargé, comme "Breton" d'ailleurs! Alors si vous dites "poète breton" … (Des rires.) Derrière le mot poète, les gens voient quelqu'un à mi-chemin dans les nuages. Derrière "Breton", les bardes et la lande. J'ai souvent été irrité par les projections que le mot induit. C'est toujours trop ou pas assez.
Qu'est-ce que ça fait d'être poète? Votre travail ?
Y. L. M.: Je considère être poète comme un métier, mais dans le sens de «se remettre mille fois au travail». C'est une profession, au sens d'une profession de foi. L'un de mes recueils de poésie s'appelle Le jardin des tempêtes. J'ai trouvé cette expression chez Ouessant. Il désigne les jardins clôturés par les épaves de bateaux naufragés lors des tempêtes. C'est exactement ce que je fais. Le jardin, c'est nous, et les tempêtes sont la vie. Je cherche à faire pousser des fleurs pendant la tempête.
Vous avez parcouru la Bretagne avec vos poèmes. Qu'avez-vous appris de ces rencontres?
Y. L. M.: Depuis quarante-neuf ans, je récite des poèmes en public. Il n'y a pas un village en Bretagne où je n'ai pas dit de poésie. Je crois que si vous dites un poème à quelqu'un, vous devez le considérer. Certains poètes pensent qu'il y a 500 lecteurs de poésie en France. Ce point de vue aristocratique n'est pas le mien. Il y a une opportunité en chacun de nous d'entendre un poème, mais le moment de l'écoute compte. Ce n'est pas une question de diplôme, c'est une question de disponibilité, de vigilance. Le poème aborde plusieurs couches en nous: l'âme, le cerveau, les pieds, les mains, le regard… Il a plusieurs points d'entrée. Il trouve toujours un moyen.
Pour dire des poèmes devant un public, il faut y aller, être présent. Je connais des gens qui peuvent écouter Hanouna, mais aussi La nuit noire de Jean de la Croix. J'ai dit des poèmes russes, indiens, chinois, mongols, amérindiens à des gens dont certains ne lisent pas le journal. Si cela fonctionnait, c'était parce qu'il y avait confiance. Je leur ai fait confiance et ils m'ont fait confiance. C’est une foi commune en quelque chose. La Bretagne, je la connais par cœur, et après tant d'années à rencontrer des gens, je ne suis pas désespérée …
Vous avez fait des résidences dans des quartiers défavorisés. Aujourd'hui, vous préparez un spectacle à Rennes avec des personnes très marginalisées. En quoi consiste cette partie de votre travail?
Y. L. M.: Dans ces endroits, je ne fais pas de travail activiste. J'y vais pour essayer de comprendre ce que les gens en marge ont à dire. Je cherche ce qui est notre partie commune, notre humanité commune. Souvent, ils ne font pas partie du mouvement syndical. Ils nous regardent en direct. Ils regardent le monde dans lequel nous sommes mélangés comme dans une machine à laver. Ils ont quelque chose à nous apprendre sur ce monde dans lequel nous sommes à l'abri. Et puis, ils ont des phrases! Comme cette femme, qui a eu huit enfants, et qui m'en a parlé: "Je les ai laissés passer …"
Je suis contrarié par les gens qui ont du mal à parler. Je vois un corps muet imploser, car tout mot non-dit peut nous détruire. C'est incroyable le nombre de fois qu'on m'a demandé d'écrire pour des funérailles. Face à la mort, les gens disent: "Il n'y a pas de mots à dire …" Cette phrase m'a toujours ému. Je voudrais répondre: "J'aimerais vous en donner, alors."
Dans ta poésie, la mort est présente, mais doucement …
Y. L. M.: J'ai perdu mon père à 12 ans, un ami proche à 19 ans, puis une chérie à 39 ans. Je suis vivant, ils ne le sont pas. Et je ne sais pas pourquoi…
Pour moi, la dimension spirituelle de la vie est évidente. Il est évident que la vie est plus que la vie historique. Claude Vigée, qui était un ami, a écrit: "Les morts sont-ils si distraits qu'ils ne vivent plus?" " Le poète murmure que les morts ne sont pas absents. Ils sont distraits, ils ne sont pas réveillés, mais ils vont se réveiller… Si nous acceptons de ne pas être contemporains des morts, peut-être sont-ils là? Mais il faut accepter de ne pas être en même temps. Vous pouvez me dire que ce sont des histoires pour enfants. Je réponds: et alors? Si on réduit la vie à ce qu'elle a à pratiquer, ça ne m'intéresse pas tellement …
Je crois qu'il existe de nombreux mondes dans le monde. Et je ne suis pas le seul à évoquer la présence des morts. Pas comme Hugo, qui a renversé les rôles pour parler à Léopoldine. Cela ne m'intéresse pas du tout. Mais il m'est arrivé de changer de voie à cause d'un absent qui est apparu dans mon esprit. Cette personne, à ce moment-là, a eu un impact concret sur ma vie… La mémoire pour moi n'est pas ce qu'il y a derrière, c'est ce qui nous entoure. C’est une sorte de globe céleste.
Dans vos poèmes, nous rencontrons parfois les Évangiles et Dieu… Quelle est votre relation avec la foi et la spiritualité?
Y. L. M.: Pour moi, la foi est une chose très privée, très intime. C'est également une question permanente. J'ai écrit, en écho à la grande prière de Xavier Grall Solo, un poème dont le titre est: Prions-nous quand nous écrivons? Je pense que nous parlons à quelqu'un, mais est-ce "quelqu'un" devant, au-dessus, à côté, en nous? Je ne prie jamais dans les églises, mais un ami m'a dit un jour: "Vous dites que vous ne priez jamais, mais pour moi vous priez tout le temps." Nul doute que tous les poèmes sont des prières …
Mon rapport à la foi s'enracine dans le sentiment que je connaissais enfant à Noël: la messe de minuit, l'ambiance de la crèche… Par contre, je n'aimais pas du tout les vacances de Pâques, surtout les vendredis. saint avec ses couleurs violettes et noires, qui me rappelaient la mort de mon père. J'aime les Christs ascendants romains, pas les Christs espagnols qui souffrent.
La dimension spirituelle est essentielle, malheureusement elle est mal racontée. Il appartient à des gens qui en font trop. Chaque fois que nous parlons trop de Dieu, cela me fatigue. Vous ne devez pas faire de votre foi une vertu. Si c’est quelque chose, c’est un cadeau… Ceux qui ont la foi savent que c’est comme un éclaircissement, qui dit " tout est parfait ". Vous devez être modeste avec la foi, vous devez être humble, car c'est quelque chose de chimiquement subtil. C'est une grâce qui appelle un merci. Nous n'avons pas à mettre le feu au monde pour cela, mais à le chuchoter finalement.
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En aparté
Ses dates
1953 Né à La Roche (Côtes-d´Armor).
1965 Mort de son père.
1974 Première collection, La vie (éd. Pierre-Jean Oswald).
1975 Rencontre avec Michel Le Bris et ses trois pères en poésie: Xavier Grall, Eugène Guillevic et Jean Malrieu.
1992 Festival Il fait un temps de poème, à Lannion.
1997 Soutenez la poésie pour le festival Étonnants Voyageurs à Saint-Malo.
2012 Prix Théophile-Gautier de l'Académie française du A louer chambre vide pour personne seule(éd. Rougerie).
2019 Prix Goncourt de poésie pour son œuvre. Yvon Le Men a publié une trentaine de livres dont Le jardin des tempêtes, Existence marginale mais ne trouble pas l'ordre public (éd. Flammarion), Les mains de ma mère (Ed. Bruno Doucey). Il vient de sortir La baie vitrée (Éd. Bruno Doucey), recueil de poèmes écrits lors de la première incarcération, et Bretagne sans permis (Éd. Ouest-France). À venir : Un poème est passé, anthologie de ses poèmes établis avec Thierry Renard et de poèmes d'individus reçus pendant l'accouchement (Ed. La passe du vent).
Un poème
Dans le métro
Penché
l'un envers l'autre
lui que je suppose
elle que je vois de derrière
tellement de douceur
sur une épaule
où pend
comme un bras dans une écharpe
un berceau
elle berce son enfant
dans sa langue maternelle
la langue des signes
qui traverse toutes les langues
même dans le métro de Pékin
où je me suis perdu
et trouvé
dans les bras d'une chanson
Yvon Le Men
Un cri divisé en mille (Les continents sont des radeaux perdus, 3),
Ed. Bruno Doucey, 160 p., 16 €.