110 km/h sur l’autoroute, semaine de 28h… La Convention citoyenne pour le climat à l’heure des choix
VOTE FINAL – Après neuf mois de travail, les 150 Français tirés du Citizens & # 39; La Convention sur le climat a répertorié plus de 100 propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ils doivent encore être votés ce week-end lors de la septième et dernière session.
– Caroline Quevrain
Ils sont le fruit de neuf mois de travail intense et sans précédent. Les 150 Français, hommes et femmes, attirés à l'été 2019 pour lutter contre le réchauffement climatique, ont finalement rendu leur exemplaire, qui doit désormais être voté en plénière avant d'être transmis à l'exécutif. Plus de 100 mesures seront débattues du vendredi 19 au dimanche 21 juin par les 150 membres réunis au Conseil économique, social et environnemental – une première depuis l'épidémie – lors de la septième et dernière session de la Convention.
Il faut dire que leur mission n'a pas été la plus simple: mettre en place une série de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici 2030, par rapport à 1990, et tout cela "dans un esprit de justice sociale". "Ces mesures sont cohérentes les unes avec les autres, nous ne voulions pas restreindre notre travail", confie LCI Grégoire Fraty, membre de la Convention. Et tandis que certains ont rapidement obtenu un consensus, sur le logement par exemple, d'autres ont soulevé plus de débats entre les 150, comme ceux sur les voyages. Voici un panel de propositions qui devront désormais être sélectionnées ou rejetées. Toutes les propositions qui obtiennent la majorité des voix seront adoptées. Et certains sont particulièrement ambitieux.
La révision de la Constitution déjà votée
Ces mesures ont été discutées puis modifiées par chaque groupe de travail (déménagement, logement, alimentation, production et travail) mais certaines sont plus transversales. En particulier ceux visant à réviser la Constitution, sur lesquels les 150 se sont déjà mis d'accord. On propose d'ajouter un nouveau paragraphe à son préambule mentionnant "préservation de l'environnement, patrimoine commun de l'humanité", tandis qu'un autre vise à intégrer un troisième paragraphe dans son article 1: "La République garantit la préservation de la biodiversité et de l'environnement et lutte contre le changement climatique".
Parmi les actions phares du groupe "logement", on retrouve la réduction de la consommation d'énergie dans les espaces publics (en interdisant par exemple le chauffage des terrasses de cafés), le changement des chaudières fioul et charbon d'ici 2030 dans les bâtiments neufs et rénovés, ou l'interdiction de l'artificialisation des terrains tant commerciaux que artisanaux ou friche industrielle est possible. Le groupe propose également l'obligation pour les propriétaires d'isoler thermiquement les logements, une mesure qui serait susceptible de faire l'objet d'un référendum, a suggéré le chef de l'Etat mercredi 17 juin. à la presse.
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Renégociation de l'AECG et crime d'écocide
Le groupe "manger", propose de réduire l'utilisation des pesticides en interdisant notamment les pesticides les plus nuisibles à l'environnement en 2035, d'intégrer l'enseignement de l'agroécologie dans les programmes scolaires, ou de taxer les produits ultra-transformés à empreinte carbone élevée et à faible apport nutritionnel. Parmi les mesures les plus ambitieuses, on peut citer la renégociation de l'AECG au niveau européen pour intégrer les objectifs de l'accord de Paris, ou l'adoption d'une loi criminalisant le crime d'écocide.
Les propositions du groupe "utilisation" Ils couvrent également un large éventail, allant de l'information des consommateurs aux règles en matière de publicité. Il propose d'afficher l'empreinte carbone des produits sur les emballages, d'interdire la publicité des produits les plus polluants, de forcer la publicité à envoyer des messages incitant les gens à consommer moins, mais aussi d'introduire progressivement un système de dépôt en verre, qui sera généralisée d'ici 2025.
Réduisez le temps de travail
Le groupe "bouge toi", il avait pour tâche de s'attaquer au secteur hautement polluant du trafic routier et aérien. Et pour réconcilier ses propositions avec ce fameux "esprit de justice sociale": on se souvient du vif débat autour de la taxe carbone et du mouvement social des gilets jaunes qui s'en est suivi. Parmi les mesures votées par le groupe, on trouve l'interdiction des véhicules les plus polluants du centre-ville, la limitation de vitesse sur l'autoroute à 110 km / h, l'interdiction à partir de 2025 de la commercialisation de nouveaux véhicules très émetteurs de gaz à effet de serre. Sur l'aviation, le groupe propose des mesures fortes: supprimer les vols intérieurs d'ici 2025, voire interdire la construction de nouveaux aéroports.
Le dernier groupe de travail s'est concentré sur le thème "produire et travailler", y intégrant trop de questions liées à la transition écologique. Parmi ses propositions phares, on peut retenir le recyclage obligatoire de tous les plastiques ainsi que l'élimination de tous les plastiques à usage unique à partir de 2023, ou la réduction du temps de travail hebdomadaire qui passerait de 35h à 28h avec un salaire inchangé.
"Le 150" pour continuer le combat
Il n'en demeure pas moins que le sort de ces propositions n'est pas clair. S'il appartient aux citoyens de décider ce week-end de la forme donnée à leurs mesures (loi, règlement ou référendum), une fois votés et rendus, ils n'ont aucune certitude quant à leur reprise par l'exécutif. Lors de sa visite à la Convention, le chef de l'Etat a promis aux 150 de reprendre "sans filtre" certaines des mesures finales et se sont en outre engagées à y revenir pour indiquer leurs choix. Grégoire, il "veux y croire".
Entre-temps, les 150 ont – presque – rempli la tâche confiée par l'exécutif mais n'ont pas l'intention de s'arrêter là. Avec leur association "Le 150" nouvellement créés, les 110 à 120 citoyens déjà inscrits entendent, dès la clôture de la convention, continuer à défendre leurs propositions, "La convention est là pour produire des mesures, mais nous n'avons pas de mandat pour les défendre", explique Grégoire. "Maintenant que nous avons produit quelque chose, nous ne voulons pas nous arrêter si près de l'objectif."