pourquoi la pollution reste élevée en Ile-de-France malgré un trafic très réduit
C'est un petit paradoxe dans une région Ile-de-France qui a découvert, notamment ces derniers jours, un confinement renforcé pour réduire le risque de contagion au coronavirus. La pollution est restée en vigueur à des niveaux assez élevés ce mercredi 18 mars malgré un trafic en forte baisse, à peine 5 kilomètres d'embouteillages se sont accumulés mardi matin à 8h30, contre 300 kilomètres habituellement, et une courbe très proche de 0 km de ralentissements mercredi.
Un air "médiocre" ce mercredi à Paris
Le trafic routier n'a pas disparu. Mais l'absence de congestion traduit une forte baisse du nombre de véhicules circulant en Ile-de-France. On pourrait alors s'attendre à une forte baisse de la pollution, comme nous l'avons vu en Chine ou dans le nord de l'Italie, un phénomène clairement visible sur ces images satellites de l'agence spatiale européenne qui montre l'évolution de la concentration de dioxyde d'azote.
La qualité de l'air a cependant été qualifiée de "médiocre" ce mercredi pour l'agglomération parisienne selon Données Airparif, l'organisme qui évalue la qualité de l'air en Ile-de-France.
«Nous avons une diminution de la pollution liée au trafic routier mais la pollution n'est pas uniquement liée au trafic routier, rappelle Karine Léger, directrice d'Airparif. Nous sommes dans une situation typique des épisodes de pollution printanière: au mois de mars, c'est assez commun d'avoir des conditions météorologiques qui favorisent la formation de particules de gaz, avec des températures basses le matin et un ensoleillement élevé le reste de la journée. "
Chauffage au bois, agriculture et pas de vent
Plusieurs facteurs sont à l'origine de ces gaz:
"Il y a bien sûr le trafic routier mais aussi le chauffage, notamment au bois, et qui est susceptible d'être plus important que d'habitude avec des millions de personnes confinées à leur domicile. On peut aussi évoquer les activités agricoles avec l'épandage qui est en cours, ainsi qu'un transfert de pollution du Nord, également affecté par ses phénomènes. "
Le vent faible n'aide pas la situation à éliminer cette pollution particulaire.
"Au moment des grèves, avec beaucoup d'embouteillages, cela ne se voyait pas vraiment au niveau de la pollution car il y avait du vent et de la pluie, souligne Karine Léger. Au 31 décembre cependant, la circulation automobile était très faible mais le chauffage avec le bois avait généré un épisode de pollution particulaire. "
Un risque pour la santé
Autre problème, des particules plus fines sont également présentes dans l'air, prévient Nicolas Meilhan, conseiller scientifique au sein de France Stratégie:
"Nous nous souviendrons qu'un jour de confinement, nous étions au sommet de la pollution aux PM 2,5. Ces particules fines sont encore plus dangereuses que les particules" grossières "ou PM10. Malheureusement, la pollution de l'air a un impact sur les personnes fragiles, qui seront toutes les plus exposés au coronavirus. "
Heureusement, la situation ne devrait pas durer trop longtemps.
"Le changement des masses d'air à partir de vendredi va inverser la tendance", prédit Karine Léger, qui nuance cependant la situation actuelle:
"Si nous avions eu plus de trafic, nous serions dans un épisode de pollution."