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Les élections municipales, un enjeu de modèle de développement local

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Les élections municipales, un enjeu de modèle de développement local

Loos en Gohelle: pyramide noire et énergie verte

Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle, en est convaincu: notre modèle de développement est mort. Il pense que la reconstruction passe par les territoires, car le local permet la désobéissance. Mais il prévient: il y a deux voies possibles, des réponses autoritaires avec le modèle du Rassemblement National, et des réponses démocratiques avec la recherche d'une transition pacifique et l'implication des habitants dans la recherche de solutions.

Le café associatif Ménadel et Saint Hubert propose de multiples activités – © Reflets

" Au Nord, c'étaient les colons, la terre était du charbon, le ciel était l'horizon, les hommes des mineurs souterrains Sang Pierre Bachelet. Loos-en-Gohelle, commune de 6800 habitants, jouxtant la ville de Lens, garde des traces de cette période industrielle. À votre arrivée, vous ne pouvez pas manquer les tas de déblais les plus élevés d'Europe … sauf par temps brumeux. Ces pyramides noires témoignent du passé minier de la ville. Le maire, Jean-François Caron, en a fait la fierté, prenant la tête de la lutte pour classer l'ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l'UNESCO. Quelque 150 000 visiteurs viennent chaque année visiter les décharges et découvrir l'histoire de la mine. " La réappropriation culturelle de notre histoire est fondamentale. J'ai veillé à ce que notre mémoire collective et notre système de valeurs soient travaillés en ville. Nous ne pouvons pas construire si nous n'avons pas d'estime de soi, si nous nous renions, si nous ne savons plus où nous vivons. "

C'est sur les traces de son père Marcel (PS) que Jean-François Caron a pris la mairie en mars 2001. Mais avec un label vert, cette fois. Avec 20% de la population de Loos ayant un revenu inférieur au seuil de pauvreté et 15% de chômeurs, l'élection d'un maire vert peut sembler plutôt improbable. Mais ses convictions arrimées au corps ont gagné. " Il faut reconstruire l'action collective et redonner du sens, alors que l'homme politique fait preuve de son impuissance depuis 30 ans, explique le maire. On voit depuis 30 ans que les politiques agissent en marge. L'ordre mondial est régi par le capitalisme mondialisé. Et quand l'homme politique n'a plus de contrôle, on ne regarde plus ses défauts. Il semble pourri, impuissant, peu fiable. Conflits d'intérêts, les mensonges en série font naître le doute dans la population. Aujourd'hui, nous n'avons pas de problème: nous ne savons plus qui dit la vérité: nous ne croyons pas le politique, nous ne croyons pas le scientifique. Notre ancien modèle de développement est mort. Il ressemble à la grenouille dont la tête a été coupée. Elle est agitée frénétiquement, mais elle est morte. Près de 80% de la société est au courant de la fin d'un modèle. Mais le problème est qu'il y a du brouillard: le nouveau modèle n'est pas encore apparu. Je crois qu'il y a deux défis: reconstruire l'action collective et le sens. Je pense que la reconstruction passe par les territoires. Les réponses innovantes proviendront du local, car le local permet la désobéissance. Une innovation est une désobéissance réussie. Il y a des réponses autoritaires avec le Rassemblement national, comme à Hénin-Beaumont; et des réponses démocratiques avec la recherche d'une transition pacifique et l'implication des habitants dans la recherche de solutions. Les gens entrent dans les habitants et quittent les citoyens. "Son credo:" C'est en action que nous changeons et c'est lorsque nous entrons dans une expérience de transformation que nous en sortons transformés. "

Les anciennes installations minières sont devenues La Base 11/19, une scène artistique et une ressource pour le développement durable. - Réflexions
Les anciennes installations minières sont devenues La Base 11/19, une scène artistique et une ressource pour le développement durable. – Réflexions

À Loos-en-Gohelle, l'implication des habitants dans tous les projets de la commune est la règle d'or. Tout est en co-construction: routes, parcs, équipements, projets culturels … " Premièrement, il y a la reconnaissance des gens. Les citoyens doivent être reconnus, pas les spectateurs. Ensuite, il améliore les projets car les bénéficiaires ont une expertise d'utilisation. Si un habitant a une idée, un projet, on réfléchit ensemble pour le réaliser "Explique Océane Ten, chef de projet citoyenneté. L'idée est d'arriver à un" moitié-moitié »: Un projet où la mairie et les bénéficiaires apportent chacun quelque chose. Ce choix de coopération a entraîné une petite révolution dans les habitudes de gestion de projet des employés municipaux. Il a fallu beaucoup de formation sur l'animation de réunions, les compétences de vie. Pour moins de 7 000 habitants, la mairie dispose de sept cadres A, alors que dans une ville de taille similaire, il n'y en a qu'un en général: le directeur général des services (DGS).

Un groupe d'étudiants en environnement vient au maire de Loos pour découvrir l'expérience de la ville. - Réflexions
Un groupe d'étudiants en environnement vient au maire de Loos pour découvrir l'expérience de la ville. – Réflexions

La ville est devenue un modèle de transition écologique. Zéro phyto, pas de pesticides chimiques dans l'entretien de la ville, a été atteint bien avant que la loi ne l'impose. La ville a encouragé le développement de l'agriculture biologique. " La municipalité avait récupéré 7 hectares de terres agricoles, explique Pierre Damagère, l'assistant à l'urbanisme et à la ruralité, lui-même agriculteur. Nous avons offert cette terre aux agriculteurs à condition qu'ils la cultivent de manière biologique et dépensent également un équivalent de leur terre de manière biologique. Et enfin, 18 hectares ont été cultivés en agriculture biologique. Cela a donné en 2011 le projet Vital, une ville en transition alimentaire. Il est désormais porté par la zone Lens. Et plusieurs agriculteurs ont converti toute leur ferme en agriculture biologique. Les maisons des mines de briques rouges ont été rénovées selon des critères de «haute qualité environnementale» (HQE). Dans le logement social, la nouvelle construction ou la réhabilitation doit se faire sans chauffage électrique pendant 20 ans. Les factures d'électricité ont été divisées par dix!

La commune souhaite faire de Loos la première ville de France 100% solaire. Après l'église, c'est au tour des bâtiments municipaux d'être équipés de panneaux photovoltaïques. Et un plan solaire citoyen a été lancé. Une société anonyme "Mine de soleil" est en cours de création. Les actionnaires sont une entreprise, le conseil régional, la ville et plus de 100 citoyens. L'objectif est de développer le photovoltaïque pour les particuliers et, plus tard, dans la région.

" Attention, n'imaginez pas que nous sommes une communauté de plaies, prévient le maire. Les Loossois ne sont pas des cobayes. Nous sommes l'une des villes où nous payons le moins de taxes locales. C’est une commune pauvre. Nous allons obtenir de l'argent parce que nous innovons. Et il y a un budget pour l'innovation. Nous sommes très soutenus par l'Europe. "

Jean-François Caron, maire de Loos, entamera son dernier mandat. - Réflexions
Jean-François Caron, maire de Loos, entamera son dernier mandat. – Réflexions

Et les Loossois semblent convaincus. Aux dernières élections, Jean-François Caron a été réélu avec 100% des voix! Un score soviétique qui s'explique par le fait qu'il n'y avait personne contre lui. Cependant, plus de 55% des inscrits se sont rendus aux urnes alors qu'il n'y avait pas de participation. Mais aux élections nationales, le Rassemblement national a réalisé des scores très importants: au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2017, Marine Le Pen a recueilli près de 57% des suffrages! " Mais c'est 15 points de moins que dans les communes environnantes », Nuances le maire.

En mars, Jean-François Caron sera à nouveau le seul candidat à sa succession, le RN échouant, encore une fois, à dresser une liste. Il a déjà annoncé qu'il céderait la place à son premier adjoint de mi-mandat. " Je souhaite partager mon expérience et avoir plus de temps pour me consacrer à des enjeux de transition écologique à plus grande échelle. Son énergie (verte) reste intacte.

Loos-en-Gohelle est également devenue une terre d'échange. Chaque mois, le maire et son équipe reçoivent des étudiants, des représentants des municipalités qui souhaitent s'informer sur ces enjeux écologiques et la nouvelle gouvernance. " J'ai récemment accueilli des gens de Calais, Gif-sur-Yvette (Essonne), Seine-et-Marne, du conseil départemental de Val-d & # 39; Oise, énumère Jean-François Caron. Il y a des militants écologistes, des représentants des listes municipales, des élus. "L'élu conclut:" Loos-en-Gohelle ou Hénon-Beaumont, les deux modèles sont possibles en termes de réponse locale. Les résultats des élections municipales indiqueront de quelle manière les échelles sont inclinées.