Creil va accueillir l’une de plus grandes fermes solaires d’Europe
La deuxième ferme de panneaux photovoltaïques en France aux portes de Creil. C'est le projet dévoilé mardi par Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès du ministre des Forces armées, en visite à la base aérienne 110. Depuis les avions quittant l'enclave militaire créilloise, en 2016, la question s'est posée de devenir des pistes devenues inutiles.
C'est désormais officiel: sur les 430 hectares (ha) du site, 253 hectares (ha) seront réservés au projet, dont 180 pour l'installation de 547 000 panneaux solaires. Un programme d'une valeur de 130 millions d'euros (M €) qui, selon la présentation du ministère, pourrait même figurer dans le top 5 européen. La mise en service est prévue fin 2022.
Production équivalente aux besoins de 185 000 personnes
Partout en France, le site fait partie des 2 000 ha mobilisés par le ministère des Armées pour un programme baptisé Place au soleil, destiné à promouvoir les énergies renouvelables. Le projet Creil sera la tête d'affiche et le plus important en termes de taille.
Choisie pour piloter le site, une entreprise du sud-ouest de la France, Photosol, a obtenu une autorisation non renouvelable de 30 ans pour occuper les lieux. Contre une redevance qui, sur l'ensemble de la période, devrait rapporter 68 millions d'euros à l'État. Il devrait fonctionner cette année pour installer les panneaux.
Une fois pleinement déployés, ils devraient produire l'équivalent de la consommation, hors chauffage, de 185 000 personnes. "L'énergie électrique sera injectée dans le réseau des sous-stations haute tension de l'agglomération de Creil et bénéficiera directement aux habitants", détaille-t-on dans les services ministériels.
73 hectares sanctuarisés pour préserver la faune et la flore
L'aspect écologique, l'essence même du projet, se poursuivra jusqu'à la construction de couloirs réservés aux espèces qui peuplent le site militaire. De plus, d'ici quelques années, 73 ha du terrain seront sanctuarisés pour leur conservation. "Dix espèces d'orchidées sauvages et un papillon très particulier, la livrée du proche, sont présents", souligne le responsable des Conservatoires d'espaces naturels de Picardie qui a effectué le diagnostic du sol.
"Il y a aussi toute une procession d'oiseaux en net déclin dans les plaines agricoles, comme le farlouse Pipit ou le royal Milan, qui sont répertoriés ici", poursuit-il. D'ici 2023, 800 moutons peupleront également le site. De quoi bouleverser le paysage auquel les créillois sont habitués.
Le ministre a ainsi salué un projet «équilibré, respectueux de son environnement et producteur d'énergie renouvelable». Mais si cette ferme de panneaux séduit par sa taille et son modernisme, elle trouve ses détracteurs dans les quelques emplois qu'elle va créer: entre quatre et six…
Les élus déplorent "une décision qui prive le territoire de grandes opportunités"
Dans ce rôle, il y a notamment le maire (PS) de Creil, également président de l'agglomération Creil sud Oise, Jean-Claude Villemain. "On ne peut que déplorer cette décision qui prive le territoire de grandes opportunités de développement économique", regrette-t-il.
Les élus avaient en effet d'autres idées en tête pour cet espace laissé vacant après le départ d'une grande partie de l'activité militaire. Comme un hub aéronautique, avec un aéroport d'affaires civil.
"La présence de la piste, avec ses avantages indiscutables, a été une réelle opportunité pour attirer un secteur de ce type dans notre secteur", poursuit le conseiller. De nombreux emplois étaient possibles, mais le pouvoir des ministères et de la Direction générale de l'aviation civile était plus fort que le développement économique et l'arrivée de nouvelles entreprises! "
Dans les artères créoles, le sujet semble séduire autant qu'il se divise. «Le deuxième plus grand parc de France, s'étonne Jean-Pierre. Il est encore assez rare que Creil soit choisi pour un projet de cette ampleur et on en parle pour de bon! Il ne faut pas bouder de plaisir. On est parler de travail, mais les soldats qui sont partis n'étaient pas non plus des créillois. "
Pour Mokhtar, habitant des Hauts de Creil, il y avait peut-être mieux à faire. "Quand on voit Amazon, à Senlis, qui apportera 500 emplois ou d'autres groupes qui investissent pour créer des embauches, c'est quand même un peu décevant", regrette-t-il. L'écologie c'est bien, c'est l'avenir. Mais quand on voit le taux de chômage à Creil, il vaudrait mieux s'inquiéter du présent. "